
304 OBSERVATIONS
non absolument nécessaire. Le commerce étranger
une fois proscrit , les choses rentreroient dans
l’ordre primitif II ne faut pas croire que la Chine
ait un besoin indispensable des choses qui lui sont
apportées du dehors ; il suffit, pour s’en convaincre,
de jeter pour un instant un léger coup d’oeil sur
les importations. Les H'oIIandois et les Anglois,
qui font le commerce d’Inde en Inde, ont porté k
la Chine en 1787 [ l ’envoi de cette année a été
très-fort], deux millions deux cent vingt-sept mille
huit cent quatre-vingt-dix neuf livres pesant de
câlin ; mais si les Européens ne fréquentoient plus
le port de Quanton, les Chinois n’auroient plus un
si grand besoin de ce métal, dont ils fabriquent
un grand nombre de boîtes k thé ; et d’ailleurs ils
iroient eux-mêmes, comme ils le faisoient jadis, et
comme ils le font encore, en chercher k Malaca
et k Batavia. On peut dire la même chose pour le
plomb, les Européens en ont introduit la même
année quatre millions pesant de livres ; mais la
plus grande partie en a été exportée en Europe,
puisque les Chinois l’ont employée k fabriquer les
caisses de plomb qui enveloppent les thés. Si la
consommation de cette dernière marchandise étoit
suspendue , il est évident que l’introduction du
plomb cesseroit en grande partie.
Les Hollandois et les Anglois de la côte ont
vendu un .million quatre cent soixante-cinq mille
cinquante-trois
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cinquante-trois livres pesant de poivre , quarante-
six mille trois cent soixante-onze livres de girofle,
et huit mille neuf cent soixante-dix-neuf livres de
muscade. Cette quantité d’épiceries , si l’on considère
la population de la Chine, est plus qu’insuffisante,
et n’est rien en raison de ce que l’Empire
devroit consommer ; d’ailleurs les Chinois mangent
très-peu d’épices, et se servent pour relever
leurs mets , qui généralement sont doux et fades,
de jus de viandes, de souy, de légumes ou d’autres
végétaux _ confits dans du vinaiOg re*
L’article du coton est le plus fort, mais il ne
faut pas se persuader que les Chinois ne peuvent
s’en passer;, ils en ont chez eux, et s’ils en achètent
par an de quarante k soixante mille balles,
c’est parce, qu’ils ont arraché les cotonniers dans
plusieurs endroits, pour les remplacer par des plants
de thé , dont le produit leur procure des bénéfices
énormes, et.les met en état d’achetér k un prix
modéré les cotons de Surate. Les navires. Anglois
venant des différens ports de l’Inde, ont apporté,
par exemple en 1787, de vingt k vingt-un millions
de livres pesant de coton. Cette quantité est considérable
; mais que d’un instant k l’autre les Européens
cessent de venir k Quanton , les Chinois arracheront
les thés et mettront des cotonniers k leur
place. Il est donc évident que des articles importés
par les étrangers, les uns ne sontpasassez nombreux
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