Espagnols sont chargés de la police , et l’on prétend
qu’ils en retirent beaucoup d’argent, principalement
lors de la nouvelle année. La seule permission
de jouer au metoua [pair ou non], s’achète
dix mille pièces de huit.
Minondo et Sainte-Croix sont occupés par des
Espagnols et des Indiens. Les premiers, dont les
maisons sont bâties dans le même goût que celles
de Manille, préfèrent de loger dans ces deux faubourgs,
pour être plus libres, parce que les portes
de la ville se ferment de bonne heure : quant aux
Indiens , leurs habitations, élevées sur des pieux
ou des poteaux , ont les murs en torchis ou en
nattes , avec des toits couverts en feuilles de palmier.
Ce genre de construction ne plaît pas à la
vue , mais il met à-l’abri des inondations et des
tremblemens de terre.
Saint-Sébastien a également de bonnes maisons.
On voit dans ce faubourg une longue chaussée
, construite par ies soins du gouvernement, où
se promènent les habitans , et particulièrement les
dames de Manille, qui s’y rendent en voiture. On
prétend que les Chinois ont payé les frais de construction
de ce chemin , les Espagnols leur ayant
suscité quelques difficultés que l’argent a aplanies
: c’est une promenade agréable, qui donne sur
la campagne et qui est ombragée par quelques
arbres d’arec.
S U R L E S I L E S P H I L I P P I N E S . 3 p T'
Tondo est le faubourg le plus au nord : c’étoit
jadis une petite ville : son église est la première
que les Espagnols aient bâtie dans ce pays.
Plusieurs canaux partagent ces différens faubourgs
, et facilitent le transport des marchandises.
La campagne au dehors de Manille est très-
belle ; le terrain paroît très-bon : il est plat d’abord
, mais il s’élève k mesure qu’on s’éloigne. Les
villages sont ordinairement entourés d’arbres, et
l’aspect en seroit plus joli si les maisons n’en étoient
pas aussi misérables. On trouve dans chaque village
une église en pierre , ainsi qu’un bâtiment
pour loger le curé , qui est toujours pris parmi les
moines. Ces derniers, qui sont tous Européens ,
jouissent d’une grande considération aupfès des
Indiens , tandis que les prêtres séculiers, le plus
ordinairement métis , sont méprisés : aussi le gouvernement
ménage-t-il beaucoup les curés, car,
en général, l’Indien les consulte toujours dans
ses différentes entreprises, et même pour le paiement
des impôts. Ce sont les Augustins, les Franciscains
et les Carmes déchaussés qui desservent
les paroisses.
En quittant la ville et en remontant la rivière ,
on passe devant plusieurs maisons de campagne ;
elles ont toutes des bains entourés de nattes et
construits sur le bord de l’eau : pendant les chaleurs
, les habitans riches de Manille viennent s’y