que, dans la pagode Ty-tan, i endroit où labotire
l’empereur se nomme Sien-nong-tan [éminencè
des ancien! laboureurs J , et non Sien-nong-tang;
car il est essentiel de ne pas confondre les mots
Chinois Tan et Tang. Tan veut dire éminènce, et
Tang salle. Le Tang renferme ordinairement le
Tan, i eminence ou le lieu ou l’on fait ie sacrifice,
et qui est toujours plus elevé. Au i*este , cette
expression prouve bien que les premiers Chinois,
à I exemple des peuples de l’antiquité, ont toujours
fait leurs oblations sur ies hauteurs.
Les temples dont je viens de parler et plusieurs
autres particuliers, contribuent à embellir la capitale
; mais si Peking, pris en général, étonne par
son immense étendue, par la grandeur de ses édifices
et par la largeur de ses rues, le contraste qu’if
présente est encore plus surprenant. « Le dedans
des maisons des grands , dit le P. Souciet, est
propre et bien ordonné , mais l’intérieur des demeures
ordinaires est peu de chose. Le train des
princes et des grands est magnifique ; mais , à
1 exception des personnes qui leur sont attachées
et des madarins, on peut dire que Peking n’est
rempli que de gueux. » Le rapport de ce missionnaire
, quoique sévère , est exact ; car dans
le palais même les appartemens ne sont tapissés
qu’en papier blanc , à l’exception de deux ou trois
pièces ou i on voit du papier à fleurs. Lorsque nous
SUR LES CHINOIS. 4y
accompagnâmes fempereur le jour de lidtre première
audience, fes mandarins et les* gens de fa.
cour étoient bien vêtus, mais la majeure partie
de ceux qui nous entouroient étôit bien loin de
leur ressembler. En un mot, la capitale de l’empire
Chinois n’offre point l’ensemble auquel on
doit s’attendre , d’après la relation de certains
auteurs. II en est de même de sa population :
suivant les différens écrivains qui ont parlé de
Peking, cette ville contient vingt, quinze, dix,
huit, enfin quatre millions d’habitans. « C ’est,
» dit le P. Gaubil, une grande exagération j car ,
» outre les vastes enclos du Sien-nong-tan et du
» Ty-tan, la moitié de la ville Chinoise est déserte,
» ou renferme des champs , des jardins et des
y> sépultures. Le palais impérial, les jarclins, les
» lacs , lës maisons des grands et ies pagodes ,
» occupent plus de ia moitié de ia ville Tartare ;
» enfin , il n’y a pas autant de logement dans
» Peking que dans Paris. »
« Si l’on fait réflexion, avance le P. Le Comte,
r» que ies maisons Chinoises ne sont ordinairement
» que d’un étage , on verra que Peking ne con-
» tiendra pas plus de logement que Paris, et même
» moins, parce que les rues en sont incompara-
» blement plus larges, que le palais immense dé
» l’empereur est peu habité, qu’il y a de vastes
» magasins et dç très-grands espaces remplis par