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pouvons nous passer , telles que les épiceries , le
sucre, le café, la cannelle , le salpêtre, le coton,
le borax, le camphre, ies drogues propres à la
teinture et à ïa médecine ; et la surveillance la
plus sévère pe pouvant empêcher entièrement la
contrebande d’introduire celles qui sont purement
de luxe, comme les toileries , les mousselines,
&c., il vaut mieux que la France en allant
elle-même chercher ces objets , évite l’exportation
du numéraire avec lequel elle les paie aux étrangers
, et s’assure de la jouissance des bénéfices
qui résultent de ce commerce.
Si l’on ne se rend pas à ces raisons, qu’on fasse
attention à cette phrase remarquable de Davenant,
phrase écrite en 1698, il y a plus d’un siècle, et
dont nous avons l’accomplissement sous les yeux.
cc Un pays quelconque , dit-il, qui pourra être en
a, pleine possession du trafic de l’Inde, fera la loi
a, à tout le monde commerçant. » Ceci mériteroit
une longue explication ; mais mon dessein n’est pas
de traiter du commerce de l’Inde, et je n’en parle
que parce qu’il est lié avec ie commerce général.
Celui de la Chine est avantageux, en ce qu’il ne
demande aucuns irais extraordinaires, c est-à-dire,
de troupes, de fortifications et de marine ; s’il nous
offre peut - être des objets dont nous n’avons
pas extrêmement besoin , ce n’est pas une raison
de l’abandonner ; en effet , tant que les Anglois
et
et les autres nations le feront, il est de la saine politique
et de l’intérêt de l’État de le continuer ;
d ailleurs la F rance ne consommant qu’une fbible
partie des marchandises qu’elle tire de la Chine,
et en reexportant le surplus chez l’étranger, elle
se trouve par-là faire un commerce très-lucratif
On voit, d’après ce que je viens de dire, que
le commerce de l’Inde et de la Chine est important
; mais, comme on pourroit me dire qu’il ne
lest pas autant que je le soutiens, parce qu’il nécessite
beaucoup d’argent, je répondrai à cette
objection par quelques réflexions sur l’exportation
de l’argent.
Exportation de l'Argent.
L’économie d’une nation, dit Ferrières, consiste
à n’acheter des productions étrangères qu’autant
qu’elle peüt les payer avec les sienhes. Lorsque la
France, par le traité de 178b, sacrifia plusieurs
millions pour acheter des productions Angloises ,
elle agissoit follement, pàrce qu’elle se privoit de
numéraire, qu’elle fourriissoit des moyens à ses
ennemis , et qu’elle réduisoit en outre ses propres
manufactures à rien.
Cela est vrai ; car tout commerce extérieur est
désavantageux lorsque la nation paie en argent
des marchandises qu’elle consomme elle - même ;
mais lorsqu’elle les réexporte au dehors e n nature,
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