
Les François sont les seuls qui n’ont jamais fait
aucun don à i’empereur de la Chine : connoissant
f esprit du gouvernement, ifs n’ont pas voulu qu’on
prît pour une soumission ce qui n’eût été qu’une
puré condescendance de leur part.
Le roi de Siam envoie tous ïes trois ans k Peking
des éléphans ; ceux que j’ai vus en 1782 à Quanton
, étoient d’une moyenne grandeur. La même
année*, la cour de Lisbonne chargea l’évêque Portugais
qui se rendoit k Peking , de porter des
présens a i empereur : ces présens furent reçus
comme des tributs, et les mandarins de Quanton
firent si peu de cas de i’évêque et du sénateur de
Macao qui ies apportaient, qu’ils ne permirent
qu’au premier de s’asseoir en ieur présence, et
offrirent seulement au second un misérable banc
de bois , sur lequei iis consentirent enfin , après
beaucoup d’instances, qu’qn mît un coussin (a).
Lorsque j’étois dans ia capitale, en 179 j , j’y trouvai
des envoyés Mongoux et Coréens : ces derniers
(a) Cette conduite déplut tellement au peintre qui accom-
pagnoit léveque, qu’il ne voulut plus partir pour Peking. Le
changement subit de résolution de ce jeune homme embarrassa
beaucoup les mandarins, parce que son nom avoit été envoyé à
la cour; mais comme ils sont fertiles en expédiens, ils écrivirent
que le Portugais étoit tombe malade, et finalement qu’il étoit
mort; en meme temps ils le firent partir secrètement pour Macao,
•u il s’embarqua pour retourner en Europe.
s’y rendent tous les ans, soit pour offrir des présens
, soit pour y faire du commerce.
Dès l’année 1788 , les Angiois avoient fait partir
ie colonel Cathcart pour Peking ; mais sa mort
inattendue , arrivée dans ie détroit de ia Sonde,
arrêta tout-à-coup l’ambassade. Cependant les Angiois
ne perdirent pas pour cela leurs projets d établissement
à ia Chine ; iis annoncèrent même dans
ies papiers publics une prétendue cession de terrain
, dans lequel la compagnie aiioit s’établir ;
annonce prématurée et imprudente, qui, malheureusement
pour eux, mise sous ies yeux de i’empereur
, fut dans la suite une des causes principales
du peu de succès de ia seconde ambassade qu’ils
envoyèrent. Si la première avoit ete faite à la hate,
celle-ci le fut avec un grand appareil ; on n’épargna
rien pour sa réussite. Les présens furent considérables
, et l’on choisit des personnes éclairées et
savantes auxquelles 011 donna pour chef ie lord
Macartney, dont i’esprit, les talens et les connois-
sances étoient généralement connus.
En 1792, la compagnie envoya k la Chine deux
commissaires , pour prévenir le gouvernement que
l’ambassadeur, redoutant le trajet par terre pour
ies présens précieux qu’ii apportait k l’empereur.,
ne descendroit pas k Quanton, mais qu’il aborde-
roit dans le golfe de Peteheiy.
Une ambassade annoncée ayec tant de précau