Cette opération est absolument nécessaire pour
pouvoir obtenir ïa chappe ou la permission de
décharger la cargaison.
Dès qu’on a cette permission , on commence
par retirer l’argent, qu’on envoie toujours à Quan-.
ton dans ia chaloupe du navire. On en payoit autrefois
le dixième; mais depuis 1736 on ne paie
plus rien. Quant aux autres marchandises, on en
prend note , et une fois déposées dans des bateaux
du pays, elles sont reconnues, pendant la route,
à chaque douane, et entièrement visitées à Quanton
, lors du débarquement, par les mandarins ,
qui se rendent exprès pour cela ou dans la maison
occupée par les Européens, ou chez les marchands.
II faut avoir soin de mettre deux ovTfrois matelots
dans chaque bateau, pour veiller k ce qu’on
ne vole rien : cette précaution est sur-tout indispensable
dans le chargement du navire , car les
Chinois sont très-adroits pour enlever les caisses
et en substituer d’autres exactement semblables
soit pour la forme, soit pour le poids, mais ne
contenant que des cordages ou d’autres bagatelles,
à la place des thés ou des soies.
Les frais du déchargement sont au compte du
navire ; ceux du chargement regardent les han-
nistes, q u i, dans cette dernière -circonstance ,
doivent procurer les bateaux nécessaires pour embarquer
les effets dont on a donné la note au lingua.
II
Il est bon de savoir que l’argent une fois descendu
k Quanton , il n’est plus permis de le remporter
, sinon en fraude ; ce qui est sujet k des in-
convéniens : il est donc essentiel pour un navire
qui auroit une somme d’argent beaucoup plus considérable
que celle qu’il destineroit k l’achat de
sa cargaison , de ne descendre que ce qui lui est
nécessaire ; mais cela n’arrive point, Fusage étant
de n’apporter en Chine que Fargent dont on peut
avoir besoin, II en est de même du cuivre et dut
fer : ces deux matières une fois mises k terre à
Quanton , ne peuvent plus en sortir. J’ai vu des
étrangers qui avoient apporté avec eux des objets
k Fusage du navire, éprouver mille difficultés pour
pouvoir les remporter avec eux.
Lorsqu’on a des effets qui ne peuvent s’exporter,
ou dont les droits sont considérables, en
ce qu’ils sont k la volonté des mandarins, l’usage
est d’emporter ces articles dans le canot du capitaine
portant pavillon k l’arrière , parce qu’alors
on n’est visité qu’au départ de Quanton et à l’arrivée
à Wampou , et nullement pendant la route.
Dans cette circonstance on paie aux mandarins un
demi-droit seulement, ou même moins, suivant les
arrangemens qu’on a pris avec eux.
II est nécessaire cependant de ne pas trop répéter
ces sortes d’envois, pour ne point perdre le
privilège du pavillon , que les Chinois cherchent à
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