
baigner ; les hommes et les femmes, sont ensemble ;
mais, pour la décence, les hommes conservent
leurs caleçons et les dames mettent de grandes
chemises. A deux milles au-dessus de la ville , 011
voit ihôpital royal. Si l’on s’éloigne davantage, on
tiouve quelques anciennes maisons presque entièrement
abattues ,. iors de ïa prise de Manille par
les Aiiglois, qui, ne pouvant sortir de la ville sans
être exposés aux coups de fusil que leur tiroient
les Indiens retranches dans ces habitations , les
mirent dans letat de délabrement où elles sont
restées jusqu’à présent.
Le jardin de la compagnie est également en
dehors de la ville ; il est presque abandonné, et
Ion n y voit plus aucun des arbres rares et des
mûriers quon y avoit plantés. Au milieu on a
élevé à la mémoire de M. Pineda , mort dans l’expédition
de M. de Malespina, un monument qui
ressemble plutôt à une fontaine qu’à un mapsolée ;
il est entouré de quatre énormes bornes, chose
assez inutile dans un jardin.
A quelque distance de Malati, village situé près
de la baie et à une lieue de Manille, les Espagnols
ont bâti le polverista [ou poudrière]. Ce petit
fortin est assez mal placé , car, étant trop loin de
la villé pour en etre secouru, il seroit bientôt pris
par les ennemis dans un cas de descente, et leur
serviroit beaucoup.
s u r l e s Î l e s p h i l i p p i n e s . 3 9 3
M. d’Aguilar, gouverneur des , Philippines à
l’époque où j’étois à Manille , craignant quelques
tentatives de la part des Anglois, a fait creuser
près de la polverista un canal qui communique
avec la rivière, de manière que les chaloupes canonnières
peuvent aller dans la baie et la quitter
sans danger, ou se mettre à l’abri des jetées qui
servent à en garantir l’entrée. On a employé à
cette construction des palmiers sauvages [palma
brava] : le bois en est creux,, dur , coriace et capable
de résister long-temps dans l’eau ; on s’en
sert aussi pour faire les gouttières qui entourent
les toits et qui conduisent l’eau dans les citernes ,
dont presque toutes les maisons de Manille sont
pourvues.
P O R T D E C A V I T E .
Ce port est à trois lieues au sud de Manille. Les
vaisseaux s’y réfugient: dans la mousson du sud-
ouest, et reviennent mouiller devant la ville dans
la saison des vents du nord et du nord-est.
La ville de Cavité est petite et située sur une
langue de terre ; elle n’a qu’un faubourg, nommé
Saint - Roch. Le fort est bâti à l’extrémité de la
ville ; il est foible et ne pourroit pas tenir contre un
vaisseau de guerre. On doit être attentif, en doublant
la pointe, à ne pas la serrer de trop près,
car il y a un bas-fond. Les Espagnols ont un