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Saíadin, qui chassa de ce beau pays les descendans
de Mahomet, vint lui redonner une nouvelle vie.
Les successeurs de Saladin n’eurent pas plutôt
fondé ie grand Caire , que le commerce des Indes
reprit toute son activité ; les Vénitiens, les Pisans,
les Génois, les Florentins et les autres peuples
libres de i’Itaiie s’en rendirent bientôt les maîtres,
en fréquentant les vifies d’Alexandrie, de Damas,
d’Alep et de Trebizonde, dans lesquelles se ren-
dolent toutes les marchandises de l’Orient. C’est
par-là que les Vénitiens avoient acquis des richesses
considérables et avoient mis leur marine dans un
état florissant, lorsqu’un événement imprévu ,
changeant tout-à-rcoup la direction du commerce ,
fit passer dans d’autres mains les avantages dont,
seuls, ils avoient joui jusqu’alors.
Jean II, roi de Portugal, poursuivant avec chaleur
les découvertes commencées sous ses prédécesseurs,
expédia Barthoïomée Diaz, qui doubla
le cap de Bonne-Espérance en 14.9 3. Emmanuel,
son successeur , également capable de concevoir et
d’exécuter ces grands projets qui immortalisent les
rois et rendent en même temps les peuples heureux
et fïorissans ; Emmanuel, jaloux d’affranchir
ses sujets du joug des marchands étrangers , fit
armer quatre vaisseaux qu’il confia au brave Vasco
de Gama , qui arriva aux Indes en i 4-97* Dès-lors
tout changea de face, et le commerce, abandonnant
SUR LES CHINOIS. ï f j
les routes qu’il avoit suivies pendant si longtemps
, s’en fraya de toutes nouvelles et jusqu’alors
inconnues.
ENTRÉE ET ÉTABLISSEMENT DES EUROPEENS
À LA CHINE.
La découverte du cap de Bonne - Espérance
ayant ouvert Une communication plus facile avec
une partie des peuples de l’Orient, et établi des
liaisons directes avec eux , l’ambition, l’arrtour de
la gloire, l’envie d’âcquérir de la fortune, attirèrent
bientôt dans les Indes une foule de Portugais.5
Dans le court espace de soixante ans, ces étrangers
réussirent à faire des conquêtes considérables,
et leur puissance , embrassant presque entièrement
cette vaste partie de l’univers, s’étendit
depuis le golfe Persique jusqu’aux extrémités de
FAsie.
Ces grandes'choses furent exécutées par des
gens d’une conduite sage et d’un courage à toute
épreuve; mais la corruption des moeurs, desAriP
chesses immenses, un luxe excessif, firent bientôt
disparoître les belles qualités qu’on avoit admirées
dans les premiers Portugais. L’indolence, la paresse
et la débauche succédèrent au courage ; la
soif insatiable de dominer , et la dureté du gouvernement
, remplacèrentjfa droiture et la justice.
Ce changement de conduite 11e put qu’indisposer