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de la mouture ; ainsi il est difficile de savoir au
juste ce que peut rendre de farine une certaine
quantité de grain, parce que la même mesure peut
donner plus ou moins de farine, suivant que celui
qui moud a plus ou moins d’habileté. Plusieurs
Chinois que j’ai consultés m’ont dit qu’on poUvoit
retirer de cent livres de grain, soixante k soixante-dix
livres de farine, et vingt k vingt-cinq livres de son.
Le lin, le chanvre, les légumes, &c. ont-ils plus
de qualité que ceux des autres pays !
Les légumes n’ont rien d’extraordinaire ; ce que
j’ai vu de plus remarquable dans mon voyage, c’est
la carotte ; on nous en a montré de très-belles.
Les chanvres de la Chine sont beaux et s’élèvent
à cinq et six pieds de hauteur. II y en a une espèce
nommée Tchou-kan, qui va jusqu’k sept pieds et
demi d’élévation , et même au-delk. Sa feuille est
bleue d’un côté et blanche de l’autre. Sa tige est
forte et épaisse.
Les autres chanvres se sèment k la-seconde lune,
mais le Tchou-kan se sème en tout temps. Le
chanvre de la Chine viendroit bien en France.
Celui que j’avois envoyé k mon père est parvenu
à la hauteur de dix pieds , et sa tige pouvoit avoir
d’un pouce k un pouce et demi de diamètre.
Le riz de la Chine est bon, mais celui de Patna,
dans le Bengale , et celui de Manille qui a la
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forme menue et alongée, ont beaucoup plus de
saveur.
Outre le riz blanc , les Chinois en ont une
espèce qui est rougeâtre ; le peuple en mange ; il
est bon, mais inférieur au riz ordinaire : on l’emploie
pour faire du vin ou de |’eau-de-vie.
Combien estime -t-on que, dans un canton d'une
grandeur déterminée, il y ait de terres cultivées en dif-
férensgrains ! Leur produit suffit-il a la nourriture des
habitans !
Il m’est impossible de répondre en détail k cette
question ; mais je Vais spécifier en général la quantité
soit des terres qui sont cultivées , soit de
celles qui ne le sont pas. La Chine étant six fois
aussi grande que la France, et celle-ci ayant, en
1789, cent cinquante millions d’arpens , la Chine
doit en avoir neuf cents millions ; et si l’on suit pour
cet empire la même proportion qu’en France, où,
sur les cent cinquante millions d’arpens, on n’en
compte que cent millions en culture, il n’y en aura
k la Chine que six cents millions, et c’est ce qui
existe réellement, puisqu’en 1745 on portoit à
cinq cent quarante-cinq millions d’arpens la quantité
de terres cultivées , quantité qu’on peut supposer
s’élever actuellement k six cents millions.
Ce rapport entre les arpens cultivés et ceux qui
11e le sont pas , est d’autant plus remarquable , qu’il