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de bois qui servent à la construction du toit, et
chevillées avec soin ; de sorte que dans les trem-
blemens de terre elles peuvent jouer sans se désunir
: mais comme ies appartemens ne sont point
plafonnés, toute cette charpente fait un effet désagréable
k l’oeil.
Les chambres sont vastes et peu garnies de
meubles ; elles ne tirent point leur jour directement
du dehors, mais elles communiquent par
des portes avec des galeries de bois qui régnent
autour de la maison , et sont fermées par de
grandes fenêtres garnies de coquilles transparentes
, dont les panneaux se poussent les uns
derrière les autres. Cette construction est excellente
pour procurer de la fraîcheur aux appartemens
; mais les bâtimens ont k l’extérieur une apparence
désagréable.
Les édifices publics et les églises sont solidement
construits ; ies clochers principalement sont
très-massifs. La cathédrale est grande ; elle a un
archevêque et douze chanoines.
Le palais du gouvernement est considérable ,
mais il n’offre rien d’extraordinaire. La place qui
est en avant est vaste et régulière ; le gouverneur
y a fait planter des arbres et poser des lanternes.
Cet embellissement produit un bon effet; mais il
eût été plus convenable de réserver cet emplacement
pour rassembler la troupe.
S U R L E S Î L E S P H I L I P P I N E S . 3 8 ^
II existe k* Manille plusieurs couvèns qui occupent
au moins le tiers de la ville. Les Jésuites
y avoient autrefois deux églises , celle de Saint-
Ignace et celle de Saint-Joseph ; elles sont encore
très-bien décorées. Les Dominicains possèdent deux
collèges, et les Augustins une maison. II y a un
couvent de Sainte-Claire, contenant quarante religieuses,
et de plus une maison dite le monastère
de la Miséricorde, destinée k élever les orphelines ,
tant Espagnoles que métisses. Ces orphelines reçoivent
ensuite une dot , soit qu’elles se fassent
religieuses, soit qu’elles sortent pour se marier.
En sortant de la ville on trouve-un pont bâti
partie en pierre et partie en bois ; il est assez large
pour donner un libre passage k deux voitures, et
sert de communication avet les faubourgs, qui
sont au nombre de douze , savoir : Parian, Mi-
nondo , Sainte-Croix, Ilao , Saint-Michel, Saint-
Sébastien , Bagambaya , Saint-Jacques , Notre-
Dame-de-I’Hermite, Tondo , Malati et Chiapo.
Parian, qui est en face de la ville , passe pour
le plus considérable ; il a plusieurs rues et est habité
par des Chinois appelés Sangleyes, qui sont
tous artisans , forgerons ou marchands : on en
compte actuellement trois mille. Leur nombre
étoit bien plus grand avant 1603, mais k cette
époque il en périt vingt mille. Ces Chinois sont
surveillés avec soin : un alcade et plusieurs officiers
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