
compte que sur les bénéfices qu’elle doit retirer de
ses entreprises.
L ambassade fut mieux traitée dans son retour ;
elle lauroit même été plus honorablement, sans
I avarice et la basse jalousie des mandarins qui
laccompagnoient. La réception du Tsong-tou de
Quanton fut très-modeste, et les HoIIandois, pour
tant de peines, n’obtinrent que la remise des droits
du navire qui avoit apporté l’ambassadeur, et la
faveur d autant plus grande qu’elle est très-rare,
d’avoir vu l’empereur, et d’en avoir reçu des présens
, quoique peu considérables.
Une coutume assez généralement établie en
Asie , et principalement à la Chine , c’est que la
valeur d’un don ne consiste pas dans son prix
intrinsèque , mais qu’elle augmente en raison de
îa puissance ou du rang de la personne qui le
fait. Une simple bourse de soie avec cinq ou six
sous en argent, reçue des mains de l’empereur,
est regardée par les Chinois comme une chose
infiniment précieuse, e t, par la raison inverse, des
présens offerts au souverain décroissent de valeur ;
de sorte que cent mille piastres présentées par un
particulier, ne sont plus qu’un objet très-médiocre.
L’empereur est regardé comme un dieu à la
Chine, mais c’est un dieu qui ne se contente pas
de la simple odeur ou de la fumée légère des parfums,
il lui faut des présens solides et précieux,
de For, de l’argent, des bijoux et de riches effets ;
mais en daignant les accepter, il croit faire une
grande faveur à celui qui les lui présente ; et s’attendre
k Un remercîment ou k quelque grâce de
sa part, c’est être dans l’erreur. Ceci est prouvé
par le résultat des deux ambassades Angloise et
HoIIandoise , toutes les deux entreprises et exécutées
d’une manière différente , et dont aucune
n’a retiré cependant le plus léger avantage. II faut
s’en prendre principalement k l’esprit des Chinois :
orgueilleux, ils méprisent les étrangers; méfians ,
iis ne leur accordent rien ; trop éloignés de l’Europe
pour en connoître les moeurs et ie's usages ,
trop persuadés de leur puissance, trop pénétrés
de leur mérite, ils ne peuvent apprécier le vrai
caractère d’un ambassadeur et le motif d’une ambassade.
, '
C ’est donc une imprudence, une faute même ,
que d’en envoyer chez eux avant qu’ils* soient instruits
par l’expérience, qu’ils ne doivent la conservation
de leur existence politique qu’k leur éloignement
, et que cette haute opinion qu’ils ont
d’eux-mêmes est purement chimérique. Un jour
viendra que les Chinois, qui méprisent les étrangers
et les regardent uniquement comme des marchands
, reconnoîtront combien sont redoutables
ces peuples qu’ils traitent d’une manière si outrageante
; et ceux-ci, une fois aux prises avec là
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