R é f l e x i o n s sur une Carte de la Chine, au temps
de Yao, donnée par M. Barrow ; et Considérations
sur l Empire , sur son étendue, sur sa formation
en un seul corps ; enfin, sur ses liaisons avec les
autres peuples,
M. B a r r ow , en publiant dans son ouvrage
une carte de ia Chine , sous l’empereur Yao , a
adopté le sentiment de M. Amiot; mais, sans m’arrêter
à prouver combien il est peu fondé , je vais
donner un léger aperçu de ce qu’étoient le* Chinois
et leur empire à différentes époques ce qui
mettra le lecteur à meme de prononcer sur le degré
de certitude qu’on peut accorder à cette carte.
Les écrivains qui ont parlé de l’antiquité de la
Chine, s accordent à dire que les premiers Chinois
etoient établis dans ie Chen-sy , la province la plus
occidentale de Fempire. Selon eux, Fo-hy (a,), qui
régna Fan 2953 avant J. C ., y ajouta fe-Honan
et le Chan - tong. Chin - nong, qui transporta sa
cour dans cette dernière province en 2822 , paroît
avoir été le maître d’une partie du Petchely : enfin,
Hoang-tyqui lui succéda en 2698., étendit'son
empire depuis P ao -ting -fou , dans le Petchely,
jusqu’au fleuve Kiang, et depuis les bords de la
mer orientale jusque dans le Setchuen , à l’ouest.
(a) Histoire de la Chine, du P. de Mailla, tome 1.'*, pages c n
suivantes.
Cetie étendue, et l’état,florissant dont on suppose
que la Chine jouissoit alors, sont d’autant'plus
équivoques, que les Chinois eux-mêmes, ainsi que
je Fai dit dans la première partie de cet ouvrage,
regardent comme très - douteux tout ce qui précède
Yao, qui monta sur ie trône Fan 23 57 avant
J. C. ; et que plusieurs écrivains soutiennent que
cette contrée étoit pour iors dans un ,état misérable
, et presque entièrement couverte par les
eaux, qui ne s’écoulèrent que postérieurement.
II est donc difficile de croire que cet empire ait
„eu_ Fétendue.que lui assigne le P. de Mailla, c’est-
à-dire, quatre cents lieues de l’est à Fouest, et six
cents du nord au sud (a) ; que Yu , ministre de
Yao, et qui lui succéda en 2205 > aù été un habile
géomètre , connoissant parfaitement Fart de
niveler les terres et de creuser íes canaux ; enfin,
que ia description de la Chine, faite par ce prince,
et rapportée dans ie chapitre du Chouking, intitulé
Yu-kong, soit de la plus grande justesse et conforme
à celle que les missionnaires ont donnée
dans les derniers temps. Comment admettre que
des travaux aussi considérables que ceux» dont il
est question dans ce chapitre, aient pu être achevés
en aussi peu de temps que le dit cet écrit! Comment
supposer que les anciens Chinois , forcés de
• (a) Cette dernière étendue est réduite à trois cents lieues par
le même auteur. Lettres e'difiantés, pages 54 et 11 a.