' I 3 2 OBSERVA T IONS
voleurs : ayant découvert par hasard de trou par
lequel les Chinois setoient introduits dans la maison,,
elle s’avisa d’en retirer la petite chandelle, et
de la mettre un peu plus loin en face de la muraille
, puis elle se plaça en embuscade avec ses
domestiques , dont l’un se mit k faire du bruit ;
aussitôt les voleurs coururent :tête baissée pour
passer par Je trou; mais s’étant frappiés, rudement
contre le mur, ils tombèrent et furent arrêtés.
Lorsque les voleurs sont assez adroits pour pénétrer
dans les appartemens, ils brûlent , dit-on,
des drogues, pour endormir plus profondément
ceux qui y sont couchés : c’est ce que je ne puis
assurer; mais je, sais très-bien qu’ils entourent le
lit de la personne endormie avec les chaises de
l’appartement, de manière que, lorsqu’elle vient k.'
se réveiller et qu’elle veut s’élancer de son lit, elle
se trouve assez embarrassée pour que les voleurs
aient le temps de.s’évader. Ils se servent aussi d’échelles
fort légères , composées de deux bamboux,
avec des échelons de corde, qu’ils appuient sur les
murs pour monter par les fenêtres lorsqu’ils les
trouvent ouvertes. Un François k Macao fut ainsi
volé, pendant son sommeil, de tout ce qu’il avoit :
s’étant réveillé au bruit, il voulut se lever, mais les
voleurs eurent le temps de s’en aller ; ils le firent
cependant avec une telle précipitation, qu’ils abandonnèrent
leur échelle.
SUR LES CHINOIS. I33*
Les voleurs dont je viens de parler sont des'
filoux adroits , mais qui ne font pas de mal ; il
y en a d’une autre espèce , qui sont plus redoutables
, parce qu’ils volent et souvent massacrent
ceux‘qu’ils ont dépouillés : si on en arrête quelques
uns, ils sont condamnés k avoir la tête tranchée.
Lorsque j’étois k Macao, un grand nombre de
ces scélérats infestoient les côtes ; ils prenoient les'
bateaux qu’ils rencontroient à la mer ¿ faisoient des'
descentes dans les villages et emportoient tout,
après avoir tué ceux qui y étoient : ils s’emparèrent
même d’un petit bâtiment Européèn, et le brûlèrent.
II paroît, d’après les dernières nouvelles
reçues de la Chine, que ces pirates existent, encore.
P AUV R E S .
O n rencontre beaucoup de pauvres dans les
faubourgs de Quanton ; ils y étoient en si grand
nombre f il y a quelques années, qu’ils remplis-
soient une bonne partie des rues qui avoisinoient
nos demeures; Ces malheureux, dénués de tout,
se rasSembloient le soir, et se pressoient les uns
contre les autres pour se garantir du froid ; mais
tous ne pouvant également être réchauffés, plusieurs
mouroient, et leurs corps restoient exposés
parmi les pièces de bois et les pierres qui cou-
vroient le quai. Révoltés d’un pareil spectacle , les
marchands hannistes les firent enfin enlever ; et