
un grand État, quelque chose le soit ; mais f abandonner
, ce seroit nous mettre dans la dépendance,
et nous rendre tributaires des étrangers qui le
conserveraient.
Les colonies ont toujours été Fondées pour le
bien de la mère-patrie : c’est sous ce point de
vue qu’elles ont été constamment envisagées; et
si elles n’ont pas toujours répondu au but quon
s’étoit proposé , il en Faut attribuer la cause plutôt
à des vices d’établissement qu’k des circonstances
malheureuses et impossibles à prévoir.
Les colonies doivent être considérées de deux
côtés; savoir, du côté de la perte quelles en->
traînent nécessairement en hommes et en argent *
et du côté des ressources que l’on peut retirer de
leur situation et de leur commerce.
Dans le premier cas , celles qui ne peuvent balancer
par des profits considérables , ou d autres
grands avantages, les pertes d hommes et d argent,
sont onéreuses et à. charge à lEtat. Dans lé second
cas , celles qui peuvent être Facilement Fermées ait
commerce des étrangers (a) , e t dont la population
(a) Le commerce des colonies doit naturellement appartenir a
la mère-patrie, et l’étranger ne doit y être admis qu’autant que le
gouvernement le permet. Mais, dans cette circonstance, 1 étranger
doit payer des droits d’entrée et de sortie ; car, s’il iui est permis
d’acheter ou de vendre sans payer de droits, le colon, toujours
porté à favoriser celui qui lui livre une marchandise au plus bas
SUR LTLE DE FRANCE. 4*7
ne peut pas s’accroître dans la même proportion
que leurs richesses, sont très-utiles à la patrie.
O r , les colonies établies dans les îles présentent
ce double avantagé, qu’on peut à volonté les tenir
ouvertes ou fermées à l’étranger, et qu’il n’y a point
à craindre qu’elles nuisent jamais à la métropole
par leurs richesses et par leur population. p
Les colonies continentales ont au contraire de
grands inconvéniens ; et si elles offrent peut-être
plus ,de ressources dans leur population plus nombreuse
et dans un commerce plus actiF et plus
étendu, elles portent en cela même un germe toujours
croissant de désordre et de révolte. En effet,
après avoir coûté k la mère-patrie de grands sacrifices,
soit en hommes, soit en argent, une Fois parvenues
au faite de la grandeur et de la puissance,
elles se soulèvent et finissent par s’eri séparer, ainsi
que les Etats - Unis. d’Amérique nous en ont donné
I exemple dans le siècle dernier.
Les établissemens Anglois dans l’Asie , ces éta-
blissemens qui ont Fait couler tant de sano'-, et
absorbé tant de richesses, finiront ou par rentrer
prix, lui vendra de préférence, et le négociant de la mère-patrie
sera ruiné. A ce desavantage évident, il faut- ajouter la hausse du
prix des denrees coloniales et la baisse des objets importés d’Europe
, suite inévitable de 1 adn^ission et de la; ç.opçurrençe des.
étrangers, et dont 1 efïèt funeste est de causer la ruine du cd'rp-
mcrce de la mère-patrie et la destruction de sa marine.