
De tous les Æstivalis que nous cultivons, le Rulander est celu*
qui a le mieux supporté les rigueurs des hivers et qui a le moins
souffert des premières gelées d’automne, dont sont atteintes
trop souvent, sous notre climat du Centre, les vignes à végétation
tardive avant leur défeuillaison naturelle ; c’est celui qui nous
paraît le mieux approprié à notre latitude. Si sa maturité était
plus précoce, on pourrait le dire le Pineau américain, l’Æstivalis
des régions du Nord ; malheureusement, il laisse bien à désirer
pour nous sous ce rapport, et quoiqu’il mûrisse assez bien à la
fin d’octobre avec les raisins de troisième époque ou de fm de
deuxième, nous ne pouvons pas espérer l’utiliser avec profit pour
la vinification, dans les années plus ou moins tardives. Sa maturité
trop tardive dans notre région est doublement regrettable,
attendu qu’à sa qualité de bien résister à nos hivers, il ajoute
celle de produire le moût le plus riche de toutes les vignes
Æstivalis. Les oiseaux maraudeurs de raisins, les grives, les
merles, ont une préférence marquée pour le Rulander ; ils ne
touchent pas aux autres Æstivalis tant qu’il leur reste un grain
du premier.
C u l t u r e . Le Rulander américain nous semble moins difficile
que ses congénères sur le choix des terrains ; il pousse vigoureusement
dans les sols secs et maigres, il ne paraît pas souffrir
comme beaucoup d’autres dans les sols frais et profonds. Pour
obtenir de ce cépage une production satisfaisante, on devra lui
donner une taille un peu longue ou des arçons, ou bien encore
le conduire en cordons horizontaux. On pourra, sans crainte de
l’épuiser, lui faire produire le double de grappes qu au Jacques
ou à l’Herbemont, dont les raisins sont beaucoup plus volumineux.
DESCRIPTION.
B on rg co n n cm cn t roux, duveteux, passant au rose foncé sur un fond gris.
Sou ch e vigoureu se et rustique.
Sarm ents forts, érigés, noués court, de_ couleur acajou bruni, avec u n e
inflorescence on plutôt u n e cuticule blanchâtre sur le s noeuds.
F eu ille s mo y en nes, un peu épaisses, presque orbiculaires, tourmentées,
d ’un v e r t herbacé supérieurement, g laucescentes inférieu rement ou a peu
près glabres, sauf u n léger duvet à la bifurcation des nervures; sm u s a peu
près n u ls ; celui du pétiole fermé; pétiole de m o y en n e longueur, assez fort;
denture peu profonde, obtuse, courtement mucronée.
G rap p e sou s-m o y en n e ou petite, cylindrique ou cylindrico-conique, un
peu a ilée, arrondie à son extrémité, u n peu compacte, portée par u n pédoncu
le de m o y en n e longueur, u n peu grêle ou grêle.
P c a n m ince et cependant résistante, d’un rouge obscur b ien pruiné à la
m a turité qui arrive à la fln de la deu x ième époque.
C hair ferme, m a is ju teu se , assez sucrée, à saveur sim ple, relevée, assez