PREMIÈRE PARTIE — CHAPITRE VIII
Ja liste, parce que le hasard des familles qui ont servi au
calcul ou la date des ouvrages n'ont pas conduit à les
citer. Je rappellerai Vellozo, dont les dix volumes de
planches sont presque uniquement des énigmes.
^ Ceci m'amène à chercher les causes ordinaires de
l'obscurité chez des auteurs tantôt médiocres et tantôt
d'un mérite incontestable. Évidemment les uns n'ont
pas su décrire convenablement, d'autres ont cru opportun
de publier des descriptions insuffisantes faites sur
do mauvais échantillons, et d'autres, enfin, n'ont pas
voulu se donner la peine de rédiger avec tous les détails
nécessaires. Les causes sont donc diverses ; mais elles ont
toujours leur origine dans quelque idée mal conçue
qu'il est bon de combattre.
L'illusion dans laquelle on a été longtemps sur le
nombre des espèces à fait croire qu'un petit nombre de
caractères propres à distinguer d'avec les espèces connues
pouvait suffire; mais l'abondance des nouvelles formes,
qu'ila fallu ensuite comparer et intercaler, a montré que
ces descriptions tronquées sont souvent insuffisantes.
On croyait aussi qu'une description de fragments incomplets,
par exemple, sans fleurs ni fruits, peut plus
tard être complétée facilement au moyen de bons échantillons.
C'était une erreur. Il est plus sùr et plus facile
de décrire entièrement à neuf que de comparer des détails
incohérents,' plus ou moins douteux quant à l'espèce,
avec des échantillons nouveaux. Je m'en suis bien
aperçu récemment, dans un travail sur les Smilacées,
lorsque j'avais sous les yeux les fragments de tiges et
de feuilles avec lesquels Willdenow, Kunth et Presl ont
eu la malheureuse idée de constituer des espèces. Ces
échantillons authentiques étaient difficiles à identifier
avec ceux des voyageurs modernes. Si je n'avais eu que
DESCRIPTIONS ÉNIGMATIQUES DE GROUPES NATURELS 139
les descriptions des auteurs, sans leurs misérables
types, il aurait fallu renoncer à les comprendre, et j'aurais
décrit probablement comme nouvelles des espèces
qui ne l'étaient pas, ce qui aurait encore compliqué les
questions. Parmi les grands descripteurs, Kunth, Blume
et Miquel sont tombés souvent dans ce défaut de décrire
des fragments, au lieu de les laisser sans noms
dans les herbiers. Je dis sans noms, car il ne convenait
pas à ces habiles botanistes que d'autres vinssent ensuite
leur attribuer des espèces mal constituées ou mal
nommées, qu'ils n'auraient peut-être pas voulu publier
telles quelles plusieurs années après leur travail.
J'ose à peine mentionner comme une source d'énigmes
les descriptions faites de mémoire. Il y en a eu.
C'est à peine croyable; on cite pourtant dans le PTOclromus
XIV, p. 178, un exemple tiré des ouvrages de
Jacquin, et j'en ai aperçu d'autres çà et là, surtout dans
les publications de botanistes qui ont voyagé.
Pourquoi Robert Brown, qui était si exact, si minutieux
et si prudent, a-t-il publié dans son Frodromus
Novoe Hollandioe tant d'espèces avec une courte phrase,
et ensuite dans l'appendice au Voyage de Sait, une
liste d'espèces nouvelles désignées seulement par des
noms ? C'est bien difficile à expliquer. Un homme aussi
supérieur ne devait pas attacher de l'importance à voir
son nom plus ou moins cité à la suite de noms de genres
ou d'espèces. D'ailleurs être cité pour une énigme n'est
guère une distinction. C'est un peu moins fâcheûx que
pour une espèce mal faite ou dont la description est entachée
d'erreurs, voilà tout. Heureusement Brown avait
rapporté d'Australie d'excellents échantillons, dont il a
donné des doubles assez libéralement et qu'on a pu voir
à Londres et ailleurs, de sorte que la plupart des incer-
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