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PREMIÈRE PARTIE - CHAPITRE V
Côtés une nomenclature uniforme, en quelque sorte de
conveîition.
L'exemple du Prodromus fait comprendre ce qu elle
pourrait être. Dans le laps de cinquante-cinq ans, une
vingtaine d'auteurs ont étudié, une à une, envn^on
cinquante-sept mille espèces (1) Les exigences croissantes
de la science imposeront dans un demi-siecle
un nombre plus grand d'années pour la même quantité
d'espèces. Il y aura on effet plus de caractères,
de synonymes et de localités à examiner; mais,
en compensation, certains ouvrages auront paru qui
faciliteront la revue de quelques familles et aideront
à introduire plusieurs caractères dans les descriptions.
Une quinzaine de botanistes capables, distribués dans
autant de localités ayant alors de grands herbiers
et de bonnes bibliothèques, pourront, peut-être, avec
l'aide de leurs amis ou élèves, opérer une révision des
espèces dans le laps d'une douzaine d'années. En supposant
cent-cinquante mille espèces, chacun des quinze
botanistes avec ses amis aurait à en revoir dix mille. Ce
ne serait pas énorme. Les matériaux seraient communiqués
de tous les herbiers. L'affaire serait cosmopolite,
avec plus d'ensemble que notre Prodromus. Il faudrait
aussi s'entendre surla forme et sur l'esprit dans lequel on
travaillerait, ce qui ne parait pas impossible, car les
besoins de la science y pousseraient. Un peu de rivalité
entre les centres de travailleurs serait un stimulant.
Peut-être aussi, à cette époque, la librairie scientifique
sera-t-elle plus en état qu'aujourd'hui de favoriser de
grandes pubhcations. La nomenclature admise dans une
(1) Le nombre total des collaborateurs a été de 35, et le chiffre total des
espèces est de 58,975; mais je compte ici les auteurs qui ont fourni plus de
100 pages.
DESCRIPTIONS DE GROUPES NATURELS 55
pareille révision serait évidemment acceptée par une
sorte de convention tacite, en attendant mieux. Elle prévaudrait
longtemps malgré les défauts inévitables en
pareille matière. Il se ferait un silence de vingt ans au
moins, comme sur les Composées, après la publication
des volumes V - VII du Prodromus. Les disputes diminueraient
sur toute la ligne. Les noms de convention
existeraient dans une foule d'herbiers, avec toute l'autorité
d'échantillons authentiques comparés par les auteurs.
Ils seraient adoptés volontiers dans les flores. En même
temps, les anatomistes et les physiologistes, les horticulteurs
et les agriculteurs n'auraient plus à hésiter sur
les noms. Ce serait comme la paix générale qui suit
les longues guerres. Beaucoup de travaux autres que
les distinctions d'espèces en profiteraient. Plus tard,
sans doute, la nomenclature de convention serait attaquée.
Les critiques minutieux s'acharneraient sur elle
et la feraient tomber. Les insulteurs ne manqueraient
pas non plus pour décrier les hommes éminents qui l'auraient
faite. Tout cela est dans la nature. Un nouveau
chaos commencerait; mais à chaque siècle suffit sa
Deine (1).
(1) Que le lecteur me pardonne cette digression. Elle est peut-être justifiée
par les circonstances dans lesquelles je me suis trouvé. Personne n'a vu de
plus près que moi les difficultés d'un Species et ce qu'il est possible ou
unpossible d'obtenir dans ce genre de travail. Je le crois au-dessus des forces
d|un homme, ou de cinq, ou de dix. Aucune Académie, aucun gouvernement
n'obtiendrait de bons et rapides travaux, soit à cause du manque de spécialité
pour une affaire toute botanique, suit à cause des froideurs de nation à nation-,
qui font obstacle dans les rapports officiels. Le seul moyen serait celui de botanistes
directeurs de grands herbiers, qui s'aideraient parce qu'ils en sentiraient
"Vivement le besoin.
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