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246 PREMIÈRE PARTIE — CHAPITRE XVIII
dans la thèse VII sur les plantes officinales et le jardin
d'Upsal [Amoen. I, p. 172) :
« Studium botanicum bifariam commodissime dispesci
potest; in cognitionem Morhorum et cognitionemi/'t^i^^-
camen torum. Necessaria ad cogniLionem morbornm sunt
Anatome, etc Medicamentorum vera cognitio scientiam
sibi deposcit naluralem, etc Quapropter in
omnibus fere bene institutis litteréirum ofiicinis sive Academiis
duo necessaria semper observata fuere : ])losocommm
et Hortus hotanicus. )>
Avant le premier paragraphe de la célèbre dissertation
&'poiisaUaplantarmn [Amoen., I, p. 332), on lit:
« Vegetabilia, sensatione licet destituantur, oeque tamen
ac animalia vivere, probat Ortus, NîUritio, JElas, MoUis,
Propulsio, Morbus, Mors, Anatomia, Organimus. »
Il reprend ensuite chacun do ces phénomènes dans
des paragraphes distincts.
La dissertation sur le Lignum Quassia [Amoen., YI,
p. 416) commence par un paradoxe aussi clair que
bref :
« Quoniam Sanitas sola felices et miseros discriminât;
Medicina quae illam tuendam reiiciendamve docet,
mortalibus inter primas Scientias est reputanda,
omnique studio excolenda. »
L'impulsion naturelle de Linné est toujours de
distinguer, de classer. Il aime les classilications
symétriques, et quelquefois il en abuse, comme par
exemple dans sa distinction des douze âges de l'homme
qu'il met en parallèle avec douze époques du jour
et douze époques de l'année [Amoen.,'^\\, p. 331). Cette
passion de classer détermine une clarté et une brièveté
qui ne manquent jamais. Malheureusement les faits
pt les phénomènes naturels présentent beaucoup de
DU STYLE DANS LES OUVRAGES DE BOTANIQUE 247
transitions et d'obscurités. Il a fallu renoncer à plusieurs
des distinctions de Linné, mais plus tard, on a cru
mieux classer les faits en imaginant des lois et des
types. Ainsi toujours le besoin de classer s'est fait sentir
pour être bref et clair, et Linné a donné un grand
exemple à cet égard.
Il faut remarquer aussi les mots et les constructions
qui caractérisent son style.
Rien ne fait présumer qu'il fut ce qu'on peut appeler
un érudit [a scholar, comme disent les Anglais); mais,
dans sa jeunesse, les cours se donnaient encore en latin,
et cette langue était alors, pour les gens instruits,
comme une langue vivante. On la savait, par la pratique,
mieux que nous après dix ou quinze ans d'ennuyeuses
leçons. Linné écrivait donc le latin avec aisance. Il n'y
mettait pas de prétention, mais ses mots sont exacts,
bien choisis, et ses phrases ne sont ni trop longues, ni
compliquées par beaucoup d'inversions ou de membres
incidents. La ponctuation, cette grande ressource
inconnue aux anciens, est toujours juste. Comme elle
est abondante, elle aide beaucoup le lecteur. Je puis
dire, par expérience, qu'un médiocre et très médiocre
latiniste comme moi n'a pas souvent besoin de relire
une phrase de Linné pour la comprendre. Il n'est pas
obligé de débrouiller de longues phrases dont les
fragments se balancent, rattachés par d'obscures
conjonctions ou modifiés par de lourds adverbes, comme
on en voit dans Cicéron, Tive-Live, etc. (1). Linné ne
M) L'obscurité et la pesanteur du latin classique ont souvent leur source
dans l'abondance des quando, quandogue, quemadmodum, turn,
qui ont ordinairement plusieurs sens. Ainsi : quando a deux sens (d'après le
dictionnaire Novitius) : lorsque et puisque. QuandoqUe en a trois : quelquefois
un jour, toutes les fois que. Quemadmodum en a deux : comme et
comment. Vel signifie où et meme. Tum veut dire alors, mais, aussi, non
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