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3^0 puemiilkl: partie c h a p i t r l : XXV
^'iner et de l'impossibilité qui en résulte de coiiliiiuer.
Aujourd'hui, dans quelques pays, l'art se substitue à la
science. Les artistes, excités par les libraires et quelquefois
par des sociétés ou académies, veulent faire de si
])eaux chefs-d'oeuvre, qu'il faudrait pour les planches
d'histoire naturelle ouvrir des musées spéciaux. Le
juiblic approuverait sans doute, mais les liommes de
science n'en feraient à peu prés aucun usage.
Déjà les planches qui ne sont pas d'un luxe exagéré
enlrahient d'assez grands frais. M. Morren a calculé (1)
que dans l'intervalle de 1828 à 1877, en Belgique seulement,
on a publié 7,337 planches de botanique, ayant
coûté 1,414,000 francs, soit 192 francs par planche. Ce
sont pour la plupart des planches in-8^ Comme on a fait
ailleurs beaucoup de planches in-4^ et in-folio, le coût
moyen général des planches ne peut guère avoir été inférieur
h 200 fr. L'Index icomm de Pritzel énumère
80,000 planches, publiées avant 1861, sans compter les
hgures sur bois des xv° et xvi' siècles. Le supplément
de 1866 ajoute environ 20,000 planches, et il a dû en
paraître autant depuis 1866. Donc, le nombre actuel des
planches dépasse 120,000, et elles ont coûté au moins
vingt-quatre millions de francs. Telle est la valeur du
stock déposé dans les bibliothèques! Pourtant il y a
de mauvaises planches qui devraient à peine compter,
et la moitié des espèces n'ont pas été figurées. Les résultats
ont-ils été en proportion de cette grande dépense ?
Je laisserai chacun répondre suivant ses vues et ses
idées. Comme terme de comparaison, j'ajouterai qu'un
herbier très riche, de cent mille espèces et un milHon
d'échantillons, ne représente pas plus de 3 ou 400,000 fr.
(1) Âcles du Congrès bot. et hortic, de Bncxeiles en 1876, p. 26.
DES DESCRIPTIONS GRÀPiïlQUES SOIT FIGURES 321
de dépenses successives. Sept ou huit cents herbiers,
comme il en existe une vingtaine, représenteraient donc
ce que les planches ont coûté.
Le progrès de l'industrie est un des caractères de
notre époque et aurait dû, à ce qu'il semble, amener
des perfectionnements considérables dans Texécution
des dessins et des planches. Les dessins avec la camera
lucicla.^ les gravures sur pierre et le retour aux sculptures
sur bois pour des figures qu'on intercale dans le
texte ont été, il faut en convenir, de véritables progrès.
D'autres procédés n'ont pas amené les avantages
qu'on devait en attendre. Ainsi l'impression des fig-ures,
au moyen des plantes elles-mêmes ( 1 ), donne de mauvaises
ilanches, qui n'ont pas même le mérite d'être économiques,
si l'on en juge parles publications faites à Vienîie.
La photographie a des ombres trop noires, et l'obligation
qu'elle impose presque toujours de réduire, est un
grand inconvénient. Les frais en sont assez élevés. Ni
]'un ni l'autre de ces procédés ne se prête aux analyses.
On peut espérer davantage de l'autographie, qui
consiste à tirer sur le dessin même de l'auteur, et aussi
des procédés par lesquels on décalque les traits pour
tirer au moyen de la nouvelle épreuve. Ce sont au moins
des procédés qui peuvent conduire à une diminution de
frais. La plus belle invention pouç les sciences serait
celle qui permettrait de livrer trois ou quatre cents
planches, bien faites, à très bas prix. Par exemple, si
l'on pouvait reproduire économiquement les planches
d'une vingtaine d'ouvrages qui coûtent plus de mille
francs, ce serait un grand avantage, mais il ne faut pas
(1) Les premiers essais de ce genre sont dus à Necker de Saussure, professeur
à TAcadémie de Genève. J'en ai un cahier qui date des vingt premières
années du siècle actuel.
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DE CANDOLLE, ha, Phylographie. 21
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