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36 PHliMIÈKE PARTIK — C.HÂIM TRE 111
110 peut pas servir de modèle, car il ne discute et ne raisonne
guère, mais plutôt expose et ordonne. A-t-il jugé
le latin rebelle aux raisoniiemcnts ? C'est possible. Le
fait est que les modernes préfèrent leurs propres langues
pour ce qui n'est pas purement descriptif. On s'estime
heureux quand ils se servent d'une des langues principales
et quand cela ne les entraîne pas dans trop de
longueurs, car voici un point de vue qu'il ne faut pas
oublier en faveur du latin : Beaucoup de naturalistes
sont de médiocres et quelques-uns — comme moi — de
mauvais latinistes. Or, moins on sait le latin, plus on
est bref dans cette langue ; plus aussi on cherche le mot
propre jusqu'à ce qu'on l'ait trouvé. C'est une garantie
contre soi-même, toute en faveur du public (1).
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ARTICLE III
m N O T E S ET TRAVAUX PRÉLIMINAIRES.
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On sera peut-être surpris de me voir mentionner les
notes et travaux préliminaires après le mode de publication.
C'est que la perspective de publier un ouvrage plus
ou moins étendu, sur tel ou tel sujet, avec ou sans figures,
en latin ou en langue vulgaire, doit influer beaucoup sur
les recherches et les travaux préparatoires. On peut sans
doute travailler, au hasard, pour s'amuser, ou comme
un étudiant, pour apprendre; mais nous parlons ici
des personnes qui ont la noble ambition de faire avancer
(I) Voir le chapitre xix, sur le style dans les ouvrages de botanique.
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MANIÈRE DE PRÉPARER LES 0UVR\GES DE BOTANIQUE 37
a science, soit dans quelques détails, soit dans l'une des
tranches principales. Dès qu'un naturaliste a le bonheur
de viser à un but, même un peu vague, il ne perd plus
son temps; il accumule ses observations, ses notes biblioi^
raphiques; il pense à des recherches dans ses moments
de loisir ; enfin, s'il est capable de persévérance, il fait
un bon arrangement de ses travaux et rédige de manière
à donner une publication d'une certaine importance.
L'essentiel est donc, en ce qui concerne les notes et
travaux préalables, que l'auteur sache ce qu'il veut faire.
S'il est décidé, voici des recommandations de détail que
je puis bien me permettre de lui donner, parce qu'elles
sont fondées sur une expérience de quatre-vingts ans,
commencée par mon père et continuée par moi-même.
D'abord, chaque observation ou dessin d'après nature
doit être sur un feuillet séparé. La forme et la grandeur
du papier n'ont pas d'importance. L'essentiel est de
pouvoir comparer, classer et transposer les documents
jusqu'à la rédaction définitive, sans être obligé de déchirer
un cahier ou de copier et recopier ce qu'on a écrit.
Les notes tirées des livres, les faits qu'on vous communique
verbalement ou dans une lettre, et les réflexions
qui vous arrivent à l'improviste, doivent être aussi inscrites
séparément sur de petits papiers. Le classement
de tous ces fragments se fait de loin en loin, peu à peu,
à mesure qu'on avance. Il aide singulièrement à mettre
de l'ordre — et un bon ordre — dans le travail définitif.
Ce procédé des notes séparées, recommandé fortement
par mon père (1), est appuyé, comme je le disais, par une
longue expérience. Le travail des deux volumes du /S^slema
et des dix-sept volumes compacts du Prodromus
(1) Aug. Pyr. de Candolle, Mémoires et Souvenirs, p. hQ'i.
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