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08 PREMIERE PARTIE - - CHAPITRE V
naturalistes théologiens qui décidaient des intentions
de rÊtre suprême, ensuite les savants qui étaient le
3lus initiés (( dans les secrets de la Nature », plus tard
ceux qui soutenaient des lois générales, et maintenant
ceux qui observent les développements et qui font des
hypothèses ingénieuses sur des formes successives
présumées.
La véritable place des théories et des hypothèses
n'est pas dans les descriptions; elle est dans les dissertations,
les traités et les ouvrages philosophiques.
Quelques grands naturalistes ont séparé, de la manière
la plus complète, les descriptions des théories. Ainsi,
en lisant les descriptions de Lamarck, on n'aperçoit
jamais ses opinions théoriques très hardies. Il niait
l'origine des formes spécifiques selon les deux modes
que Linné avait admis ou supposés (1), ce qui ne Ta
pas empêché de distinguer et de décrire à merveille les
espèces, considérées comme des groupes actuellement
existants. Peut-être a-t-il poussé le silence sur ses idées
théoriques un peu trop loin, en ce qu'il a négligé certains
détails. Il aurait pu s'attacher davantage, par
exemple, à l'observation des variétés, dont l'existence
était quelque chose au point de vue de ses théories, et
qui rentrent bien dans les descriptions à titre de faits.
Les botanistes d'il y a cinquante ans n'ont pas négligé
les variations d'un même organe et la position plus ou
moins régulière des parties de la fleur, qui étaient à la
fois des faits dans leurs descriptions et des arguments
dans leurs mémoires théoriques. De même, à notre
époque, un botaniste exact et judicieux n'insinue pas
(1) Création miraculeuse sans changements ultérieurs [Pliil. bot-^ 157),
et productions successives par hybridité entre des genres différents {Âmcen.
acad., in-8-, 3, p. 34).
DESCRIPTIONS DE GROUPES NATURELS 59
dans une description des idées sur Torigine hypothétique
d'une espèce ou^des espèces, ni d'un genre ou d'une
famille. Il les réserve pour des généralités ou dissertations,
mais il constate les variations de forme d'un
organe, ou les variations physiologiques, à titre de faits,
quoique ces données puissent aussi servir à des vues
théoriques.
Avec ce genre^de^prudence les théories ne nuisent pas
aux descriptions. Elles les améliorent plutôt, en attirant
l'attention sur certaines catégories de faits.
ARTICLE IV
A R R A N G E M E N T GÉNÉRAL D'UNE DESCRIPTION
D E GROUPE QUELCONQUE.
L'ordre habituel pour les parties qui entrent dans la
description d'un groupe supérieur, moyen ou inférieur,
est :
1" Le nom, avec la désignation de l'auteur qui Ta le
premier publié.
La synonymie, c'est-à-dire l'histoire des noms successifs
et la mention des auteurs.
3° La description des caractères.
L'habitation et la station, avec les indications d'auteurs
ou d'herbiers nécessaires pour justifier chaque
assertion.
Quand on ajoute des diagnoses, soit caractères différentiels,
ce qui se fait ordinairement pour les espèces et
quelquefois pour les genres et familles, la place en est
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