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370 DEUXIÈME PARTIE — CHAPITRE XXIX
tillons sur les ligures et les descriptions. Dans le
milieu du xvfu" siècle on faisait encore beaucoup de
dépense pour des planches et des pages imprimées,
sans pièces à l'appui. Linné s'aperçut de l'obscurité qui
en résultait, et il engagea ceux de ses élèves qui voyageaient
à former des herbiers. ïhunberg est celui qui
a récolté le plus. On voit de ses plantes dans une
foule de collections. C'est son meilleur titre aux yeux
de la postérité, car il no comprenait pas les avantages
de la division du travail, et lui, excellent collecteur, a
recherché, sans l'obtenir, la qualité de bon descripteur.
La force des choses amène de plus en plus la division
des travaux et l'égalité devant la science de ces
deux catégories d'hommes. Rarement on réussit dans
deux carrières, et assurément sans de zélés et judicieux
collecteurs les botanistes de cabinet n'auraient pas pu
faire ce qu'ils ont fait depuis cinquante ans. Les uns et
les autres ont contribué à l'avancement de la science,
véritable mesure du mérite relatif et définitif des
savants. Commerson, Drège, Selle, Spruce, etc., qui
n'ont rien écrit et qui ont dénommé fort peu de plantes,
ont été en réalité de plus grands botanistes que beaucoup
d'auteurs d'in-octavo ou d'in-folio. Pendant un
siècle ou deux, et même plus tard, on les citera pour
leurs échantillons servant de preuves dans les herbiers,
tandis que tels descripteurs, nomenclateurs et anatomistes,
leurs contemporains, seront oubliés.
Je reconnais que tous les collecteurs ne méritent pas
les mêmes éloges, de même que tous les grands
herbiers n'ont pas le même degré d'utilité. Certaines
méthodes d'ordre contribuent à rendre les collections
plus utiles aux progrès de la science. Il est peut-être à
propos de les indiquer ici sommairement.
PREUVES DF, L'EXACTITUDE DES DESCRIPTIONS 371
ARTICLE III
Dlî LA. RÉCOLTE ET DE LA DISTRIBUTION DES HERBIERS
DE VOYAGEURS.
On recommande ordinairement aux collecteurs de
Dien choisir les échantillons et de les bien dessécher.
Il faudrait aussi ajouter les deux conditions suivantes :
1° récolter de nombreux échantillons de la même
espèce, dans le même état et la môme localité; 2° numéroter
ces échantillons identiques et les répandre dans
les collections, en les donnant ou vendant.
Le premier botaniste qui ait compris l'avantage
d'avoir dans plusieurs herbiers des types semblables
numérotés est Commerson.
Parti en 1766, pour le tour du monde, avec l'expédition
de Bougainville, voici ce qu'il écrivait à l'un de
ses amis (1) : On ne sera pas étonné de trouver
dans mes herbiers les mêmes échantillons des mêmes
espèces si fort répétés, quand on saura que mon
dessein a été, en les multipliant, de me procurer les
moyens de faire plusieurs herbiers correspondants les
uns aux autres, sous les mêmes numéros, pour les
déposer dans les principales académies royales et
impériales de l'Europe, et cela autant pour perpétuer la
mémoire de notre voyage que pour laisser d'un bout
de l'Europe à l'autre des objets de comparaison qui
(1) Étude biographique sur Commerson, par Paul Antoine Cap. Paris, 1861,
page 32.
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