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 250  PREMIÈRE  PARTIE  —  CHAPITRE  XVIll  
 des réminiscences  d'ancien  écolier, mais plutôt le  résultat  
 de  lectures  des  classiques  de  plus  en  plus  fréquentes.  
 Tout  le  monde  sait  combien  Linné  avait  Tesprit  poétique. 
   Beaucoup  de  ses  noms  de  genres  ou  de  classes,  
 et  les  termes  de  faune,  calendrier  de  Flore,  horloge  de  
 Flore,  sommeil  des  plantes,  etc.,  qu'il  a  imaginés,  en  
 sont  la  preuve  (1).  Sa  manière  de  raconter  des  faits,  
 quelquefois  très  vulgaires,  ne  Test  pas  moins.  Veut-il  
 parler  des  effets  de  Tivresse  (2)?  Il  suppose  un  vieillard  
 qu'on  entraîne  dans  le  temple  de  Bacchus  (un  cabaret).  
 Une  (( Médée»  lui  verse  « nectareumliquorem  ». D'autres  
 buveurs  chantent  déjà  des  chansons  bachiques,  mais  ce  
 sont  des  vers  d'Horace  et  d'Ovide.  La  maîtresse  de  
 l'endroit,  une  « Circé », les  excite à boire et les change  en  
 brutes.  L'un  aboie  comme  un  chien,  l'autre  beugle  
 comme  un  taureau,  etc.  Tous  enfm  se  livrent  à  une  
 orgie  décrite  avec  une  complète  exactitude,  mais  dans  
 des  termes  fort  différents  de  ceux  de  quelques  romanciers  
 modernes.  C'est  aisé  à  comprendre  pour  nous  
 qui  savons  à  quelle  source  Linné  puisait  ses  images  et  
 rajeunissait  ses  sentiments.  
 La  lecture  des  poètes  latins  avait  même  aussi  communiqué  
 à  sa  prose  une  élégance,  une  douceur  qui  
 rappellent  la  poésie.  Je  citerai  la  première  phrase  d'une  
 de  ses  thèses  (3)  :  
 (c Tanta  omnino  est  scientia;  naturalis,  generatim  
 (1)  C^est  à  tort  cependant  qu'on  a  attribué  à  Linné  l'invention  du  mot  
 Flora.  Il  y  avait,  avant  la  Flore  de  Lapponie,  l'ouvrage  de  Boym,  Flora  
 sinensis,  Vienne,  1656,  traduit  en  français  par  Thévenot,  1696.  
 Inehriantia  (Amoen.  acad,,  VI,  p.  189).  Linné  cherche  à  prouver,  d'une  
 manière  fort  amusante,  que  les  boissons  alcooliques,  à  mesure  que  leur  dose  
 augmente,  font  rétrograder  un  vieillard  à  l'état  d'un  homme  fait,  ensuite  d'un  
 jeune  homme,  puis  d'un  enfant,  et  le  réduisent  finalement  à  l'ineptie  du  nouveau 
 né.  Toujours  des  classifications,  et  quelquefois  des  paradoxes  à  leur  
 appui  :  une  bonne  chose  et  une  mauvaise.  
 (3)  Fundamenta  Fntomologioe  (Amoen.  acad.,  VII,  p.  129),  
 DU  STYLE  DANS  LES  OUVRAGES  DE  BOTANIQUE  m  
 sumpta,  amoenitas  atque  utilitas,  ut  ab  antiquissimis  
 usque  temporibus  hominuni  ad  se  ánimos  rapuerit,  nec  
 ulla  sit  setas,  quae  non  ad  incrementa  ejus,  dispari  licet  
 in  diversis  regionibus  conamine  et  successu,  quidquam  
 contulerit.  » —  C'est  une  prose  tout  à  fait  simple,  mais  
 élégante  et  harmonieuse.  
 -Vía  conclusion  est  de  dire  aux  jeunes  naturalistes  :  
 Lisez  Linné  plus  qu'on  ne  le  fait  maintenant,  et  lisezle  
 sous  deux  points  de  vue,  le  fond  et  la  forme. Lefonc.  
 est  curieux  comme  histoire  de  la  science.  On  y voit  des  
 erreurs,  des théories hasardées,  fausses, paradoxales  (1),  
 et  d'autres  qui  ont servi debase  à  des théories  modernes  
 importantes  (2).  C'est  une  étude  philosophique  de  la  
 science  qui  fait naître  des  réflexions  et  des  idées.  Quant  
 à  la  forme,  Linné  est  toujours  un  grand  maître.  Rien  
 n'égale  ses  divisions  et  ses  définitions.  Son  latin  est  le  
 meilleur  qu'on puisse  employer  en  histoire  naturelle,  car  
 il n'exige pas de grandes connaissances pour  être  compris,  
 et cependant  il  est  agréable  à  lire  et  correct.  Si  tous  les  
 botanistes  l'avaient  étudié  davantage,  de  préférence  
 aux  classiques,  ils  auraient  conservé  plus  longtemps  
 dans  plusieurs  branches  de  la  botanique  la  langue  qui  
 était  leur  lien  universel.  Ce  lien  existe  encore,  lorsqu'i.  
 s'agit  de  descriptions  proprement  dites,  genre  d'écrits  
 pour  lequel  le  style  de  Linné  sera  toujours  le  meilleur  
 des  modèles.  
 (1)  Voir  :  Be  telluris  incremento  (Amoen,  acad.,  
 hyhridoe  [ih.,  ill,  p.  28);  Prolepsis  (ib.,  VI,  p.  324).  
 (2)  Metamorphoses  [Amoen.  acad.,  IV, p.  368).  
 p.  430);  Plantoe  
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