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368 DEUXIÈME PARTIE — CHAPITRE XXIX
deux millions par an. Défalquez ce qu'il faut attribuer
à Tagrément des jardins comme promenades, et à
l'instruction des étudiants, il reste toujours une dépense
quintuple de celle des herbiers, et cela pour un résultat
scientifique beaucoup moindre.
Si, par impossible, les gouvernements s'entendaient
pour appliquer aux herbiers une partie de ce que coûtent
les jardiiis botaniques , par exemple un million
par an, on pourrait imprimer à la botanique une singulière
impulsion. En promettant, par exemple, d'acheter
des collections de plantes sèches de pays non encore
explorés, on avancerait la connaissance de toîcies les
plantes de notre époque au double point de vue de leur
nature et de leur distribution géographique. Quelques
milliers de francs attribués aux herbiers dans lesquels
on s'engagerait à faire certains travaux d'arrangement
et de déterminations feraient sortir beaucoup des collections
actuelles de leur chaos. Les horticulteurs, les
anatomistes, les physiologistes et les directeurs de
jardins botaniques pourraient enfin déterminer des
plantes avec certitude, sans trop de peine, et surtout
les auteurs de flores et de monographies pourraient
travailler sur de bons matériaux et laisser moins de ces
descriptions déplorables que j'ai quahfiées d'énigmatiques.
Ces suppositions, j'en conviens, ne sont que des
rêveries et ne peuvent servir qu'à montrer dans quel
sens les moyens de faire avancer la botanique devraient
être développés.
Comme le principal de ces moyens est de perfectionner
les herbiers, je dirai encore quelques mots de
ces utiles collections.
L'idée de sécher des plantes est peut être antérieure
PREUVES DE L'EXACTITUDE DES DESCRIPTIONS 369
au XVI® siècle, mais c'est seulement alors qu'on a fait des
herbiers dans un but scientifique, pour avoir sous les
yeux les plantes connues, avec leurs noms. Les plus anciens
herbiers conservés jusqu'à nos jours sont ceux de :
Gréault (1
fait en 1558.
Ratzemberg (2)
1559?
Rauwom"(3) .
1560-63.
Gesalpino (4) .
1563.
Aldrovando
à la même époque.
C. Bauhin (6).
1586-1623.
Pour qu'on ait formé ce genre de collections simultanément
ou à peu près en France, en Allemagne,'à Leyde, '
en Italie et en Suisse, il faut que l'exemple en eût été
donné plus anciennement dans un de ces pays, sans
que nous puissions maintenant dire lequel.
Chose bizarre, de très grands botanistes, tels que les
Bauhin et Tournefort, avaient des herbiers; dans le
xvii" siècle et dans le xvni% le nombre en était déjà
considérable; et cependant de zélés et savants botanistes
qui ont visité à cette époque des régions lointaines
dans lesquelles tout était nouveau, Rheede et Rumphius,
par exemple, n'ont pas pensé à dessécher des
plantes. Ils ont cru faire mieux en dessinant et décrivant.
Hélas! leurs dessins ont été souvent mauvais, et
leurs descriptions sont loin de suffire. Les preuves
manquent à l'appui de leurs ouvrages, et un travail
énorme a été perdu. C'est qu'on ne savait pas alors
l'importance des preuves ni la supériorité des échan-
(1) Caruel. Illustr. in hoft. sicc. Coesalp., p. ÎX.
(2) Kessler, cité par Sachs, Gesch. der Botanili, p. 20.
(3) Munter, dans Seeman, Journ. ofbot-, 1863, p. 35:2.
(4) Caruel, 1. c.
(5) Caruel, ibid.
(6) Meisner, lettre à Caruel, ibid.
D E CANDOLLE, la Phytographie.
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