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242 P R E M I E R E PARTIE — CHAPITRE XVIIL
posait au nom de ses élèves et qu'on a réunies sous le
titre de A m oe n i t a t e s a c a d e m i c m , en dix vol. in-8®. Dans
ces trois catégories d'ouvrages, le style est plus ou moins
bref, en raison des sujets et du public auquel Fauteur
s'adressait dans chaque circonstance; mais on remarque
une régularité soutenue, qui atteste la fermeté d'un
écrivain supérieur.
Le P M l o s o p / d a se compose d'une suite de définitions
et de prescriptions. Celles-ci sont appuyées ordinairement
sur des exemples, rarement sur des motifs. Linné
se posait en professeur autoritaire, on peut même dire
en législateur. De là un style singulier, très bref, très
clair, coupé en phrases courtes, et les phrases classées
sous des paragraphes et des articles, avec références
des uns aux autres. Jamais en botanique on avait donné
autant de choses en peu de mots. Les ordres du maître
ressemblent quelquefois, pour la forme, aux fragments
Qu'on a conservés de la loi des XII Tables :
Linné.
N. 328. « Descriptio ordinem nascendi
sequatur. »
N. 243. « Nomen genericuna dignum,
alio licet aptiore, permutare
non licet. ))
Les xij tables.
« Pater fìlium sibi natum monstrosum
vel prodigiosum statini necat. »
» Sì noeta furtum fìat, furem autein
aliquis reciderit, impune esto* »
Ce n'est pas que Linné eût étudié le droit. Il n'avait
peut-être jamais ouvert les Pandectes. Son style, dans
cette sorte de rédaction, est un trait de caractère, et un
trait auquel nous autres modernes ne pourrions pas nous
soumettre, car selon nos idées l a . p / d l o s o p / i i e d'une science
doit reposer sur des discussions et déductions. Les professeurs
eux-mêmes n'usent plus de Targument d'autorité.
Quant au style purement descriptif, pour bien com-
DU STYLE DANS LES OUVRAGES DE BOTANIQUE
prendre la réforme opérée par Linné, il faut mettre en
parallèle une même espèce décrite avant lui et par lui.
Je citerai, par exemple, le J u s U c i a n a s u t a ^ L. Sp. pl.
éd. 1, p. 16, que Rheede Malab. 9, p. 135, avait décrit,
conformément aux usages de son temps, de la manière
suivante :
« Stamina babent duo albicantia, orifìcio superiori
colli inserta, rubro-fuscis apicibus (1) dotata; cum iis
stylus albicans superne bicuspidatus ex calycis orifìcio
emergit; qui parvus, viridi-fuscus, sublaxus, quinquefolius,
in quo, etc. »
Linné commence par retrancher les caractères de la
classe (Diandria) qu'il a soin de ne pas répéter à chaque
espèce ; ensuite il dit simplement :
(( Calyces minimi, Corollee tubus fìliformis, longus.
Limbi labium superius lineare, angustum, brevius, reflexum
; labium inferius sequale, trifìdum. Stamina extra
fauces prominentia. Stylus capillaris, persistens. »
Quelle différence pour l'ordre et la clarté ! Le défaut
qui subsiste encore est un mélange des caractères génériques
et spécifiques, provenant de ce que Linné n'avait
pas fondu en un seul ouvrage s o n / S p e c i e s et son G e n e r a ,
Quand on sépare les deux ordres de caractères, la brièveté
ressort comme les autres qualités.
En comparant les premiers ouvrages de Linné, on
voit de quelle manière il a rompu avec chacune des anciennes
habitudes de description, qui étaient celles de ses
maîtres ou protecteurs Boerhaave (2), Dillenius (3), etc.
(1) Apex était Tancien nom des anthères.
(2) Boerhaave, H i s t , p l a n t , , 1727, pars 1, p. 99, donne la description du
Carvi dans Tordre suivant : <r C m l i s nodosics, r amo s u s , etc. Semina
a n g t c s t a ^ etc. ; r a d i x l o n g a , crassa-, etc. Ainsi, absence d'ordre raisonné et
mauvaise ponctuation.
(3) Dillenius, H o r t . H U h . ^ 1732, l^-* vol,, p. 40, disait : « S u n t nem^e
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