P R E F A C E P R É F A C E XI
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vingt ou même quinze ans sont relégués dans les
rayons les moins accessibles de la bibliothèque,
parce qu'on ne les consulte jamais. La cause en est
évidente. Le microscope et la manière de s'en servir
ayant fait de grands progrès, ce c|u'on a observé
naguère est supposé mal vu. Gliac[ue perfectionnement
de rinstrument a produit, dans cette partie
de la science, le même effet que les changements
dans les armes à feu sur les livres traitant de Tart
militaire. Il a fallu recommencer de c[uinze en
quinze ans, et des travaux de Kieser, Moldenhauer,
Meyen, etc., sont déjà dans l'ombre, après avoir
brillé d'un grand éclat, comme cela était arrivé
jadis pour ceux de Grew et de Malpighi. Évidemment
ce qu'on décrit à la vue simple subsiste, mais
ce qu'on voit avec le secours de procédés d'amplification
dépend de l'état de ces procédés. Une seule
découverte d'opticien peut faire abandonner d'excellents
ouvrages, c^ui passent à l'état de documents
historiques. A vrai dire le mode de rédaction a été
aussi pour quelque chose dans l'oubli des nombreuses
publications d'anatomie. Elles n'ont presque
pas changé de forme depuis deux siècles. L'esprit
organisateur de Linné ayant fait défaut dans cette
partie de la science, l'ordre, la concision et la clarté
en ont souffert.
Les traités généraux de botanique se comptent
par centaines. A chac[ue époque cinq ou six d'entre
eux représentent fidèlement l'étatdesconnaissances.
Ils sont alors d'un usage habituel; mais, hélas ! leur
déchéance est prompte, à moins qu'ils ne renferment
des vues originales, philosophiques, et encore,
dans ce cas, les ouvre-t-on plus souvent pour les
détails que pour les théories, dont le règne est presque
toujours passager. Ainsi, dans le PUlosojpUa
hotmiica de Linné, ce qu'on cherche le plus aujourd'hui,
c'est la définition des termes et quelques
directions importantes sur la rédaction des ouvrages
descriptifs.
Parlerai-je des livres de matière médicale plus
nombreux encore que les traités? Quelques-uns des
plus modernes ont du mérite sans doute, mais combien
d'autres ne sont que de pures compilations !
Que reste-t-il donc qui soit durable en fait de
catégories de publications botaniques? Le voici :
Les descriptions déplantés ou dégroupés qui étaient
nouvelles ou contenaient quelque chose de nouveau,
ne fût-ce que des noms. On les consulte et consultera
toujours, par des causes qui ne peuvent changer,
car il faudra toujours savoir les noms donnés aux
genres et espèces, vérifier si une plante qu'on a sous
les yeux concorde avec d'anciennes descriptions, et
chercher dans les auteurs des détails c[u'on ne voit pas
sur certains échantillons plus ou moins incomplets.
D'autres informations, sur les localités, les époques
de végétation, les usages, etc., peuvent se trouver
dans de vieux livres. Par toutes ces causes, on emploie
journellement des descriptions qui remontent
à quarante ou cinc[uante ans, même à un siècle et
au delà. Rumphius, Rheede, Clusius, Bauhin, etc.,
peuvent avoir fait de bonnes observations, utiles à
relever même à notre époc£ue, et la loi de priorité