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366 DEUXIÈME PARTIE — CHAPITRE XXIX
qui concerne les herbiers. Sans leur secours, ils ne
peuvent pas être sûrs du nom d'une plante, à moins de
se borner aux plus communes. Ils vont d'une espèce à
l'autre, d'un genre à l'ciutre, au hasard, n'étant pas
avertis des affinités par le classement et l'aspect de
nombreux échantillons, tels qu'on les trouve dans un
herbier. Ils peuvent constater eux-mêmes quelle somme
plus considérable do travaux a été faite dans les herbiers,
comparativement aux jardins, même sur des organes
peu apparents, comme les graines, les ovules, les embryons,
les archégones ou les spores. Sans les herbiers,
nous n'aurions à présent ni de bons ouvrages généraux,
ni de bonnes flores, et les descriptions publiées
seraient dépourvues de preuves, comme celles des ouvrages
de Rumphius et Plumier, qui étaient pourtant
d'habiles naturalistes. Il en serait de tout comme d'un
grand nombre d'observations faites au microscope, pour
lesquelles les éléments obtenus dans une coupe heureuse
n'existent plus.
L'indifférence des administrations publiques pour les
herbiers est aussi extraordinaire que celle des anatomistes
et physiologistes, vu les frais minimes de ce
genre de collections relativement aux jardins. Jamais
bette comparaison n'a été faite. Il vaut la peine d'en
dire deux mots,
Laissons de côté les achats de terrains et les frais
de constructions qui sont cependant insignifiants pour
un herbier et considérables pour un jardin botanique,
et voyons seulement l'entretien des collections. Un
grand herbier de particulier ne coûte en achats de
plantes, papier, autres frais matériels et traitement
d'un conservateur occupé une partie de la journée,
que 3 ou 4,000 francs par an, en moyenne. Un
PREUVES DE L'EXACTITUDE DES DESCRIPTIONS 367
herbier public, de même importance, ouvert plus complètement
aux botanistes, ayant par conséquent plus
d'employés et dirigé par un professeur dont une partie
du traitement doit être comptée, coûte ou devrait coûter
environ le triple; disons 10,000 francs. La grande majorité
des herbiers publics ne coûte pas cela, et l'on s'en
aperçoit à leur état pitoyable. Il n'y a peut-être pas dix
herbiers pubHcs dans le monde où les a^Uocations soient
suffisantes pour un accroissement convenable et un bon
arrangement de ce qu'on possède. Tous les herbiers
publics des cinq parties du monde, dans l'état où ils
sont, ne coûtent peut-être pas plus de 200,000 francs
par an. C'est avec cela qu'on fait les 9/10 des bons travaux
de botanique descriptive et qu'on procure aux horticulteurs,
anatomistes et physiologistes les moyens de
savoir exactement les noms et de faire sur le sec certains
travaux qui peuvent très bien se faire de cette
manière.
Un jardin botanique modeste ne coûte pas moins de
4 à 5,000 fr. par année. Beaucoup d'autres absorbent
10 à 15,000 fr. et les grands jardins, comparables aux
grands herbiers, dépensent jusqu'à 60,000, 80,000,
ou 100,000 fr. par an. Supposons une liste des cent
jardins botaniques les plus importants, à commracer
par Kew, Paris, Buitenzorg, Calcutta, Saint-Pétersbourg,
etc., pour passer aux jardins ordinaires d'universités
et finir par quelques jardins de villes non
universitaires, la dépense moyenne serait au moins de
15,000 fr. par établissement, c'est-à-dire d'un million
et'demi pour les cent jardins. Le nombre total des
jardins botaniques étant supérieur à cent, il est probable
qu'on dépense pour entretenir des plantes vivantes,
dont il meurt une partie toutes les années, à peu près
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