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PREMIÈHF, PARTIE — CHAPITRE XVIII
par consequent à un bon langage, et qui y tient, à mon
avis, un peu trop. Les savants ne peuvent guère ou ne
veulent pas se soustraire à ces iniluences ; aussi leur
défaut est-il souvent de suivre la mode. Emphatiques
à l'époque de Rousseau, Buifon,, Bernardin de Saint-
Pierre; ayant visé plus tard à l'esprit et quelquefois à
une élégance de boudoir, ils risquent maintenant de
tomber dans la vulgarité des réalistes. On dira que la
mode existe pour la science elle-même, en particulier
chez les peuples les plus sérieux. Il est vrai qu'en botanique
on se porte avec exagération tantôt sur un genre
de recherches et tantôt sur un autre, mais c'est un travers
contre lequel le bon sens doit réagir. Qu'il soit question
de la science ou du style, c'est-à-dire du fond ou de la
forme, les fluctuations de la mode ne devraient pas se
faire sentir. Il s'agit de travaux qui durent depuis des
milliers d'années et dont l'avenir est infini, par conséquent
une marche régulière est la meilleure, avec un
style simple, clair, correct, qui soit aussi bon dans
cinquante ans qu'à présent.
L'italien a plus de précision que le français. Les
équivoques et les calembours y sont impossibles,
chaque mot n'ayant absolument qu'un sens. C'est aussi
la langue la plus harmonieuse, la plus gracieuse qu'on
puisse imaginer, mais ces qualités mêmes ont leur danger
: elles couvrent de fleurs les sujets les plus positifs
ou les plus sérieux. Le charme est si grand et
les grâces sont si variées, qu'on risque beaucoup de
tomber dans le défaut des longueurs et des ornements
superflus.
L'anglais est tout à l'opposé, mais il est bref, et c'est
beaucoup dans les sciences. On peut l'écrire avec clarté,
quoique l'absence des déclinaisons soit en elle-même
DU STYLE DANS LES OUVRAGES DE BOTANIQUE 255
un obstacle. Quelques botanistes anglais et américains
ont rédigé leurs ouvrages d'une manière excellente,
soit pour l'ensemble, soit dans les détails. Si je mentionnais
des auteurs vivants on m'accuserait peutêtre
de préférences venant de relations personnelles;
j'aime mieux citer un botaniste célèbre que nous
avons perdu, Lindley. Rien de mieux divisé, de
plus clair et plus agréable à lire que son Introduction
ta botany. Sir J. Edward Smith et sir William Hooker
écrivaient aussi très bien, ce me semble, mais Lindley
a dépassé plusieurs de ses compatriotes par l'ordre qu'il
Scivait mettre dans un ensemble d'idées. Je fais ici allusion
à un défaut, assez commun au delà du détroit, do
diviser et subdiviser mal son sujet, et de mêler dans
un chapitre ou un paragraphe des choses qui devraient
être ailleurs, ou encore de couper le même sujet en
deux chapitres. On reproche aussi aux Anglais de publier
quelquefois trop vite, sans avoir relu, à ce qu'il
semble, et corrigé leurs manuscrits. Ces défauts d'ordre
et de correction s'expliquent par des causes toutes naturelles.
D'abord le public anglais exige peu; il consent
à lire ce qui est mal écrit. Ensuite, l'abondance des
discours et des journaux a amené une hâte, une fièvre
dont nous n'avons guère l'idée dans les autres pays. Il
faut continuellement parler ou paraître à jour fixe.
Aucun délai n'est accordé. C'est comme un train de
chemin de fer qu'il ne faut pas manquer. Alors, comment
tourner et retourner un sujet jusqu'à ce qu'on
soit satisfait de l'ordre? Et comment copier, remanier,
retoucher sa rédaction jusqu'à ce qu'elle soit bonne?
Ce n'est ni le caractère, ni la langue, mais la manière
de vivre des Anglais et Américains qui s'oppose à
un certain degré de perfection d'ordre et de style. Il
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