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tons les cas, de recourir aux hommes spéciaux. Et,
cFun autre côté, quelle que soit leur carrière, ils
auront besoin d'observer avec leurs yeux, sans
aucun instrument, et de savoir décrire ce qu'ils
voient. Les études de langues et de mathématiques
les détournent beaucoup de l'observation. C'est à
riiistoire naturelle de la leur apprendre, et le meilleur
moyen pour observer est de décrire, puisque
cela force à passer régulièrement en revue les objets
SI variés et si compliqués qui composent la zoologie
ou la botanique. Pour bien décrire il faut classer et
nommer, en suivant des règles qui reposent sur des
raisonnements. Je regarde donc comme très utile
d'avoir appris, une fois dans sa vie, ce qui caractérise
une association naturelle, comment les naturalistes
ont nommé et classé des milliers de groupes, et avec
quelle précision ils savent en exposer les caractères.
Les principes s'oublient moins que les noms d'organes
ou d'espèces, et souvent on peut les appliquer
à autre chose. Des hommes de mérite m'ont affirmé
que pour avoir appris nos méthodes de classification,
de nomenclature et de description, ils se sont
trouvés plus capables de rédiger clairement, par
exemple, des mémoires administratifs, des rapports
financiers, des procès-verbaux judiciaires ou de
simples récits de voyages.
Le volume actuel a pour but de perfectionner les
méthodes de description, déjà si remarquables, qu'on
emploie en histoire naturelle. Je parle essentiellement
de la botanique, mais plusieurs de mes réflexions
et de mes conseils sont applicables aussi à
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la zoologie. Les détails diffèrent d'une science à
l'autre, tandis que les méthodes, les principes et les
considérations générales se rapprochent beaucoup
et sont même quelquefois identiques.
D.ans chacune de ces sciences on distingue plusieurs
branches qu'on étudie séparément. J'ai été
conduit cependant à demander aux auteurs plus
d'uniformité dans les descriptions de formes ou de
phénomènes. Ainsi les groupes naturels me paraissent
devoir être décrits d'une manière analogue
indépendamment de leur degré dans la classification,
et d'une manière identique en Gryptogamie et
Phanérogamie. Je ne vois pas pourquoi un organe
observé au microscope est décrit communément
d'une autre façon, moins claire et moins comparative
que les organes vus à la loupe ou à la vue
simple. J'appelle de tous mes voeux plus de fixité
dans les noms d'organes, et l'introduction dans les
ouvrages d'anatomie des méthodes régulières de
description qui ont rendu les ouvrages sur les groupes
si comparables entre eux et si faciles à consulter.
Cette tendance vers l'uniformité dans les méthodes
de description concorde avec la marche générale de
la botanique et des autres sciences, qui est de rapprocher
des divisions ou des catégories de faits considérées
autrefois comme très différentes. Ainsi,
dans les plantes les plus compliquées, les parties
latérales ne sont que des feuilles, et tout a été ramené
à trois organes, racine, tiges et feuilles, c'est-àdire
simplifié. Ces parties elles-mêmes ne sont que des
cellules multipliées, provenant d'un plasma d'appa