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266 PREMIÈRE PARTIE - CHAPITRE XX
la science n'est pas obligée de faire beancoup d'attention
à ces fluctuations du goût. Ce qu'il lui faut, c'est d'obtenir
la plus grande clarté possible sans heurter des règles
grammaticales. Ici, aucune règle n'étant certaine, les
auteurs sont libres de faire ce qu'ils veulent. On peut
dire qu'il y a de l'avantage à signaler immédiatement,
par une grande lettre, les noms tirés de localités ou de
noms d'hommes, et qu'on ne voit pas de motif pour
écrire les uns d'une façon les autres d'une autre,
puisqu'ils dérivent tous de noms propres. Le congrès
botanique de 1867 a recommandé de mettre toujours
une grande lettre aux noms tirés d un nom d'homme (1),
sans rien préciser, c'est-à-dire en laissant chacun faire
ce qu'il veut quant aux noms tirés de localités.
Sur l'emploi de la forme du génitif ou de l'adjectif
pour les noms spécifiques (Glusii ou Glusiana), je
persiste dans l'opinion, émise à la page 41 de mes Commentaires,
que l'article 33 de nos Lois, ajouté au dernier
moment par le Congrès, aurait pu être une recommandation
pour l'avenir, mais ne devait pas se trouver
parmi les injonctions. Le nombre des noms déjà faits
sans égard pour le système indiqué est incalculable, et
si l'on devait changer tous ceux qui ne cadrent pas avec
la règle, il en résulterait une multitude de synonymes
contestés, parfaitement incommodes.
En français, nous sommes souvent embarrassés pour
la première lettre d'un nom de genre, de famille ou
de classe. Les littérateurs mettent communément une
petite lettre aux mots tels que géranium, crucifère, dicotyleclone.
Les botanistes sont disposés à écrire Qeranium,
Crucifère, Dicotyledone. La cause de cette diffé-
(1) Art. 33 des Zow âe la nomenclature, 2« éd., page 41, iUd.
QUESTIONS DE DÉTAIL SUR L'ORTHOGRAPHE, ETC. 267
rence est probablement que, pour les botanistes, ces
noms représentent davantage des groupes particuliers,
ayant des caractères distincts, qui en font en quelque
sorte des noms propres. Un genre est, dans notre esprit,
comme une île, une famille est comme un archipel,
une classe, comme un continent, ce qui suppose des
noms propres. D'ailleurs, pour les comparaisons et discussions
auxquelles se livrent les naturalistes, il est
commode que les noms ne soient pas cachés dans le
texte et qu'on voie promptement, au moyen d'une
grande lettre, les groupes dont on parle. C'est le même
motif qui les fait mettre souvent en italiques. Dans ce
dernier cas il y a bien peu de botanistes qui hésitent à
leur donner une grande lettre, le mot ayant déjà une
composition typographique exceptionnelle.
Ces raisons paraissent avoir influé sur les auteurs
français, même sur ceux qui étaient nés dans les parties
de la France oii l'on parle le mieux, ou qui avaient
des titres littéraires. Les romanciers ont eu beau écrire
« camélia », sans même ajouter la seconde qui est
dans le nom botanique ; l'Académie française a eu beau
écrire «Les composées», et le savant Littré répéter
dans son classique Dictionnaire « le bellis du Canada »,
le « juniperus », etc, les meilleurs écrivains botanistes
ont écrit et écrivent avec des capitales, même quand les
noms ne sont pas en italiques. Ainsi Aug. de Saintriilaire
(Morpliol. négèt.) met : les Résédas, les Digitales
(p. 321). les Malvacées (p. 423), etc., Adrien de
Jussieu, qui avait remporté le grand-prix des collèges
de Paris, a écrit dans le Dictionnaire d'histoire naturelle,
au mot TAXONOMIE : Dans les Haloragées, l'Haloragis,
genre unique (p. 48)... dans les Phanérogames
(p. 44), etc. Le même, dans son Cours élémentaire de hoi]
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