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18'i PREMIÈRE PARTll':: — CIlAPITRl' XII
1° Lorsqu'un groupe repose sur plusieurs caractères,
il no convient pas do se borner à énoncer le principal,
ou le plus apparent, ou celui qui ne fait jamais défaut
Les autres aident à reconnaître et justifient la distinction
du groupe en tant que naturel. Il est aisé, au surplus,
do mettre en évidence le principal caractère et de faire
suivre les autres, en les séparant par un trait; en disant,
par exemple, pour une section de genre : Ovarium
pilosim. — Folia soepius majora; flores intense ruh'i.
Cela fait saisir un groupe d'espèces sans qu'on soit
obligé de chercher l'ovaire. A ce point de vue j'aime
l'indication de la patrie d'un groupe d'espèces ou d'un
genre tout entier. C'est commode pour les recherches,
et d'ailleurs, si certaines plantes sont dérivées les unes
des autres, ce dont je ne doute pas, celles qui ont aujourd'hui
la même habitation, prise dans un sons un peu
vaste, ont probablement eu des ancêtres communs.
2° On a raison de chercher les groupes naturels,
mais dans certains cas ils font défaut. Quand ils existent,
ils se voient sans trop de peine. Plusieurs sont
connus des hommes les plus ignorants. Les naturaUstes
ont plus de coup d'oeil, savent mieux découvrir des
différences ou des ressemblances, et avant do constater
des caractères ils les présument au moyen d'un seul,
plus apparent, ou d'après l'aspect. Si dans un genre immense,
comme les Senecio, dans une famille homogène,
comme les Crucifères, ou dans une çJasse telle que les
tones angiosj)ermes, on ne saisit pas des associations
visibles, propres à frapper toute personne un peu
habituée à observer, c'est que des groupes naturels ne
s'y rencontrent pas. Les faits sont ainsi quelquefois en
réalité. (]'est aussi vrai que l'inégalité de nombre dans les
éléments des groupes et l'inégalité d'importance dans
MÉLANGE INÉVITARLE DE DIVISIONS ARTIFICIELLES 185
les caractères selon les familles. Il faut savoir le reconnaître.
Quand il n'existe pas de groupes subordonnés
dans un groupe général, on doit l'admettre franchement,
et recourir à des coupures artificielles, destinéesà l'usage.
Je ne comprends pas, par exemple, pourquoi tant de
botanistes se tourmentent pour justifier dos sous-classes
dans les Dicotylédones angiospermes, puisqu'ils ne
voient que des caractères isolés et ne construisent, en
fait, que des divisions artificielles. Qu'ils cherchent les
plus commodes, les plus claires, celles qui brisent le
moins les groupes naturels appelés Cohortes,: Familles,
et qu'ils aient soin de dire que cette division n'est pas
naturelle, c'est là tout ce qu'on doit leur demander.
3° Les divisions artificielles devraient, ce me semble,
être indiquées par quelque forme particulière, quelque
terme ou quelque signe typographique. L'oubli de cette
condition a été la cause d'attaques très injustes, soit
contre des auteurs, soit contre la méthode naturelle
elle-même. J'ai entendu, par exemple, dans une séance
de l'Académie des sciences de Paris, M. Payer, qui ne
comprenait pas la méthode naturelle, critiquer amère
ment cette méthode, et Antoine Laurent de Jussieu,
à cause do l'arrangement des familles dans le Genera
selon les pétales et l'épigynie, périgynio, etc. Or, le
but principal de Jussieu était do montrer comment les
genres peuvent tous être groupés en familles présentant
de véritables et nombreux caractères. Il n'a pas
attaché la même importance à l'association des familles
et la preuve en est le titre même de son ouvrage :
Genera 'plantarnm secundum or dines naiurales dis^josita.
L'illustre savant ne se rappelle point dans ce titre sa
coordination des familles. Peut-être la jugeait-il trop
analogue aux divisions des anciens botanistes basées
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