372 DEUXIÈME PARTIE - CHAPITRE XXIX PREUVES DE L'EXACTITUDE DES DESCRIPTIONS 373
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contribueraienl plus que tous les ouvrages que Ton a
faits jusqu'à ce jour, à perfectioiiuer la botanique. Il
est quelquefois si difficile de concilier les auteurs les
uns avec les autres, soit par la faute des planches, soit
par l'inexactitude des descriptions, que cet obstacle est
capable de rebuter les plus zélés. Ajoutez à cela la surcharge
des différents noms imposés par les différents
botanistes aux mêmes plantes, etc.... Animé des motifs
que je viens d'exposer, j'ai cru que rien ne serait plus
utile que plusieurs herbiers faits par la même personne
qui aurait beaucoup vu, beaïicoup comparé, et qui,
d'après tous ces avantages et celui de la collection la plus
riche qui ait jamais existé, aurait imposé à ces mêmes
plantes dos noms et des numéros invariables. Ces différents
répertoires étant admis dans les capitales de
l'Europe, chacun pourrait y voir de quelle plante on
veut parler sous tel nom. Un ouvrage général, fait sur
les mêmes herbiers, serait une clef à la portée de tout
le monde, et un moyen de s'entendre sans quiproquo. »
Quelle supériorité de vues dans ce passage de Commerson,
quand on le compare à Rumphius et Plumier,
qui préféraient les figures et les descrip tions aux plantes
sèches et n'ont pas même conservé une sérié de leurs
espèces ! A quel point Commerson était même au-dessus
de plusieurs de nos contemporains pour rintelligence
de ce qui sert à l'avancement de la science ! Au lieu de
récolter des plantes représentées par un petit nombre
d'échantillons dans un seul herbier, il voulait offrir les
mêmes types multipliés et dispersés dans plusieurs
villes. Sur un détail ses idées n'étaient pas très justes.
Il attachait autant d'importance aux noms qu'aux numéros
; or les noms changent, — c'est inévitable, — les
numéros seuls subsistent. Il est vrai que tels noms mis
par un voyageur sont cités, mais ils tombent souvent
dans les synonymes, parce qu'ils ont été faits sans
études suffisantes des livres et herbiers. Go sont des
noms provisoires, en quelque sorte, qui risquent beaucoup
d'encombrer la synonymie. On ose à peine les
attribuer au voyageur, car il les aurait peut-être changés
au dernier moment s'il avait publié. Les numéros, je le
répète, sont la seule chose immuable.
Commerson avait recueilli t rent e mille plantes et il les
destinait aux vingt villes suivantes : Paris, Londres,
Amsterdam ou Leyde, "Vienne, Rome, Madrid, Saint-
Pétersbourg, Upsal ou Stockholm, Bale, Turin, Genève,
Venise, Montpellier, Copenhague, Gênes, Bologne,
Florence, Berne, Leipzig et Berlin.
L'illustre voyageur, animé d'intentions si généreuses
et en même temps si judicieuses, mourut, épuisé par
les fatigues et les contrariétés, en 1773, à l'île de
France. Ses plantes furent déposées au Muséum d'histoire
naturelle de Paris, mais elles n'étaient pas arrangées
et numérotées comme il avait compté le faire. Le
Muséum en a tiré des doubles qu'il a donnés, sans
numéros, à différents herbiers. On a publié soit à
Paris, soit ailleurs, un assez grand nombre des espèces
de cette immense collection. Malheureusement il est
rare qu'on soit sur do l'identité de deux échantillons, à
moins de mettre les plantes l'une à côté de l'autre, ce
qui n'est pas facile quand l'une est à Rostock, par
exemple, dans l'herbier de Lamarck, et l'autre à Genève
ou à Londres. La dispersion, avec tous ses inconvénients,
a remplacé l'unité que Commerson avait si
bien projetée.
Plus tard, Burchell eut aussi l'idée de numéroter ses
plantas du Cap, mais il n'avait pas desséché assez de
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