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326 PREMIÈRE PARTIE — CHAPITRE XXV
mes. Horaninow (1) dessine des cercles concentriques:
l'homme au centre, puis les classes du règne animal,
autour celles du règne végétal, enfin les minérômx et les
corps simples. Baskerville (2) se contente du règne végétal,
qu'il représente sous une forme spliérique, avec indication
de classes et de quelques familles, vues sur une
des faces. L'auteur admet l'hypothèse, absolument sans
preuve ou indice, que les catégories de végétaux se
seraient développées en spirale, comme cela arrive pour
plusieurs parties dans les individus. La sphère a donc
cinq pièces enchevêtrées, montrant leur dos, qui représentent
des groupes successifs.
Ces emblèmes, dessinés d'après des hypothèses pureimaginaires,
ne m'ont jamais séduit. Quant aux figures
des cartes géograghiques, j'avoue qu'elles me plaisaient
dans ma jeunesse, mais des hommes très distingués
n'étaient pas du même avis. Un jour, en 1828, il m'arriva
de parler avec éloge de l'une de ces cartes à Robert
Brown. L'illustre savant hocha la tète comme quelqu'un
qui blâme. J'eus d'abord l'idée qu'il était trop exigeant,
trop attaché aux détails et trop timide. Ensuite, après
des années d'expérience et de réflexions, j'ai compris
les défauts de la méthode, qui ne sont pas seulement
de représenter des affinités compliquées, mais aussi
d'imiter une catégorie d'idées par une autre absolument
différente. Nous sommes induits en erreur par
des comparaisons habituelles entre des ressemblances
ou différences, chose toute d'opinion, et des rappro-
(1) Primes lineoe systematis nature nexui naturali omnium evolutionique
progressiva per nixus reascendentes superstructi. 1 vol, in-S».
Petropoli, 1834.
(2) A fflnities of plants nitli some observations upon progressive developement
In-8°. London, 1839. L'idée de la forme sphérique avait été proposée
par Lhéritier dans son opuscule sur le genre Cadia.
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DES DESCRIPTIONS GRAPHIQUES SOIT FIGURES 327
chements ou éloignements, chose matérielle, qui tient
à la notion de l'espace. Les expressions de familles ou
genres voisins, rapprochés, éloignés, nous trompent. Ce
sont des images. On devrait dire familles ou genres plus
ou moins analogues ou plus ou moins différents. L'inconvénient
de raisonner sur une image est sensible quand
il V a plus de deux termes de comparaison. Je comprends
qu'on dise: A étant moins différent de B que de C, je
placerai, par imitation avec l'espace, A et B plus près
sur une carte que A et G ; mais cela n'indique pas du
tout la position de G relativement à B, puisque les
caractères de ces groupes sont variés et entraînent des
appréciations d'une nature variée. Dans la construction
d'une carte géographique la distance et la direction
suffisent pour placer les localités, tandis que dans les
affinités il s'agit de tenir compte de faits beaucoup plus
nombreux, dont l'estimation est nécessairement vague.
Plus vous aurez de groupes à placer, plus l'embarras
sera grand.
Les mots peuvent donner une idée approximative
de semblables complications; les figures, même en employant
les trois dimensions de l'espace, ne peuvent pas
s'y'adapter et, par raisonnement, sont incertaines. Tout
ce qu'on peut dire, c'est que l'emblème figuré facihte
J ' i n t e l l i g e n c e des faits, approche quelquefois d'une representation
satisfaisante, et vaut mieux certainement que
rénumération linéaire imposée par la nature des hvres
et la faiblesse de nos facultés intellectuelles.
Ma conclusion est de ne pas repousser absolument les
tentatives de figures emblématiques d'affinités, mais de
s'en servir, si l'on veut, pour des groupes dont on s occupe
spécialement et dans le but de fixer ses idees ou
d'aider le public à les comprendre, sans viser à repre-
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