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16 U E M I È R I Ì PARTII-: — CHAPITRE II
qui est le plus probable, question de jugement, de
sens commun, dans laquelle les esprits justes ont la
supériorité à la fois sur les amateurs de paradoxes et
sur les difficiles qui exigent en toute chose des preuves
absolument rigoureuses, c'est-à-dire mathématiques (1).
Maintenant je vais supposer un botaniste ayant les
conditions morales nécessaires, du jugement, de la
sagacité, de la persévérance, pas de préjugés nationaux
ou autres, et un vif désir de contribuer à l'avancement
de sa science favorite. Il peut disposer d'une partie de
son temps, et connaît déjà la botanique au point de vue
des organes, des termes usités, de la classification et
do la nomenclature. Je vais m'efîorcer de l'aider dans la
manière de rédiger et de publier ses travaux, surtout
ceux de pure description. J'aurai peut-être quelques
réflexions utiles à lui présenter, et s'il n'a besoin d'aucun
conseil, je lui offrirai au moins les documents du
chapitre dernier, qui pourront le diriger dans certaines
recherches et lui faire éviter certaines chances d'erreur.
(1) On se sert quelquefois avec avantage, dans les sciences naturelles, de
relevés numériques, c'esl-à-dire de statistique; mais les déductions qu'on en
tire n'expriment que des probabilités. La fréquence plus ou moins grande d'un
événement ou d'un fait donne, avec plus de probabilité que par une simple
appréciation, ce qui est vraisemblable, sans que ce soit une démonstration
mathématique. J'ai traité ce point dans un volume de mélanges intitulé :
Histoire des sciences et des savants depuis deux siècles, suivie d'autres
études sur les sujets scientifiques, en particulier sur la sélection dans
l'espèce humaine. 1 vol. in-S". Genève, 1873. Voir, article VII, la statistique
et le libre arbitre.
CHAPITRE m
S U R LA MANIERE DE PREPARER ET DE REDIGER LES OUVRAGES
D E BOTANIQUE EN TENANT COMPTE DU MODE LE PLUS
A V A N T A G E U X DE PUBLICATION.
ARTICLE PREMIER
NATURE DES PUBLICATIONS PROJETEES.
§ 1. — AVANTAGE DE LA PRÉvoia.
Il est toujours utile de se proposer un but. Je doute
même qu'on puisse faire un travail de quelque valeur à
moins d'avoir une intention, une direction, ou plusieurs
intentions, plusieurs directions déterminées, que Ton
essaye de suivre avec le degré de persévérance dont on
est doué.
L'idée générale de faire avancer une science est trop
vague. Il faut désirer son avancement sur certains
points, par des recherches dont on conçoit à peu près
a nature et rétendue. Ces recherches doivent aboutir
à des publications, puisque les plus belles découvertes
De Candoluî, La PJiijtographie. 2