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200 PREMIERE PARTIE — CHAPITRE XIV
Depuis vingt ou trente ans, l'usage s'est répandu
d'appeler lancéolées des feuilles dont le plus grand diamètre
transversal est au-dessous du milieu, la base pouvant
etre aiguë ou obtuse indifféremment. C'est entré
môme dans les définitions données à la tête des flores
ou des traités qui se publient à Kew (1) et de là dans les
meilleurs ouvrages américains (2).
Dans le Prodromus, après avoir incliné quelquefois
vers cette nouvelle définition, je n'ai pas tardé à comprendre
la nécessité d'expliquer et compléter de quelque
manière les descriptions do formes lancéolées. Dans
chaque cas particulier, l'organe peut avoir une base
obtuse ou aiguë ; le plus grand diamètre transversal peut
se trouver au milieu ou plus bas ; l'extrémité peut être
aiguë ou acuminée, et quand l'organe est plus large, il
se rapproche de la forme ovée. Tout cela ne peut se
rendre par un seul terme. Il faut des mots composés,
par exemple : ovato-lancèolé, ou des mots additionnels,
qui expliquent suffisamment. La brièveté est convenable,'
Scms doute, mais la clarté et l'exactitude ont bien plu^
d'importance. Tout le monde comprendra si l'on dit
d'un limbe de feuille : ovato-lanceolcUus, ou bien : Usi
ovata longe lanceolatus, ou même : lanceolato-acuminatus.
Je n'ai pas craint de dire : lanceolatus ulrinque
acutus, qui est un pléonasme en partant du sens de Linné,
ou lanceolatus Usi acutus apice acnminatus, qui rene,
bien compte d'un cas assez fréquent. Ces détails de forme
distinguent souvent les espèces, et puisqu'on a entendu
le mot lancéolé de plusieurs manières, il est bon d'expliquer,
au lieu de se contenter d un mot vague et insuffisant.
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HancliooJi of New Zealand Flora; Oliver, Lessons ofelem., hot., p. 74. '
(2) A. Gruy, Bot. text-hook, p. 1G2; Lessons, p. 5o.
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DIFFICULTÉS RELATIVES AUX TERMES DE BOTANIQUE 201
Sinistrórsum Del dextrorsum volubilis ( voluble à
g-auche ou à droite).
Sefigure-t-on le désordre qui régnerait dans les livres
de géographie et d'histoire si la moitié des auteurs ap- '
pelait rive g-auche d'une rivière ce que l'autre moitié
appelle rive droite? Il y aurait continuellement des confusions,
des obscurités, des contestations et des erreurs
dont tout le monde se plaindrait. Voilà cependant l'état
dans lequel nous sommes en botanique pour la direction
des hélices ou spires (1) des feuilles, des corolles, des
filets de trachées, des courants de l'intérieur des cellules,
etc. Les auteurs se placent tantôt au centre de l'hélice
ou spire pour juger de sa direction, et tantôt en
dehors : d'où il résulte qu'en regardant devant eux, les uns
voient s'élever à droite une ligne que les autres voient
s'élever à gauche. Les descriptions ont l'air de se contredire,
et quand on les consulte sans être averti du système
suivi par chaque auteur, on n'y comprend rien. Les
zoologistes sont dans le même embarras, peut-être par
la même cause, une mauvaise interprétation d'une définition
de Linné, ou par la regrettable et fréquente dis-
Dosition à innover quand un sens acceptcible existe déjà.
L'histoire de l'innovation actuelle est curieuse. Il faut
l'exposer avant de la juger.
Linné, dans la première édition (17S1) du PJdlosopUa
botanica, § 163, page 103, dit :
« Sinistrórsum hoc est, quod respicit sinistrum, si
ponas te ipsum in centro constitutum, meridiem adspicere
; dextrorsum itaque contrarium. »
A la page 310 de cette édition, dans un errata qui .
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(1) Une hélice s'éleve, une spire s'enroule sur le même plan. Le premier
de ces termes convient en phyllolaxie, le second s'applique mieux aux estivations,
mais les botanistes emploient les deux mots assez indifféremment
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