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i'l PREMLBUE PARTIE — CHAPITRE
polir la distribution géographique des espèces, pour te
ou tel caractère que Fauteur a observe, ou encore pour
un nom qu'il peut avoir introduit ii une certaine date.
Prétendre écrire à Tusage de ses voisins, peut-être dans
une langue inconnue à d'autres personnes; vanter ses
compatriotes aux dépens des étrangers, ou ses contemporains
en oubliant leurs prédécesseurs, c'est parquer
a science d'une manière étroite qui limite nécessairement
la portée de l'esprit.
Il en est de môme d'une concentration exclusive sur
une seule branche de la botanique. Elle engendre des
manières de décrire et de raisonner trop particulières,
et il en résulte qu'on ne profite pas des améliorations
qui s'introduisent dans d'autres parties de la science.
On peut même arriver de cette manière à mépriser
les branches qu'on ne cultive pas, prévention injuste et
mal fondée, car tout se tient dans les êtres organisés,
et si l'on a introduit une division du travail, c'est seulement
à cause de la faiblesse des travailleurs et du petit
nombre d'années dont chacun d'eux dispose.
Un autre préjugé n'est pas rare chez les botanistes.
C'est celui d'attribuer à une faculté spéciale, la mémoire,
jar exemple, une importMice prépondérante. Pour queques
personnes, oublier les caractères ou le nom d'une
plante, ne pas la reconnaître quand on l'a jadis étudiée,
en un mot n'être pas un dictionnaire ambulant propre
à éviter de la peine aux jeunes gens qui herborisent,
c'est la preuve d'une complète infériorité, et celui qui
a obtenu quelque réputation sans une excellente mémoire
ne doit être qu'un charlatan ou un intrigant. I
y a pourtant des animaux qui ont plus de mémoire que
l'homme, et les paysans en ont plus que les lettrés. Une
forte mémoire est très utile, mais on peut y suppléer
TENDANCES MORALES ET INTELLECTUELLES 15
par de Tordre. Jean-Jacques Rousseau s'est permis de
dire dans ses a Lettres sur la botanique » : « J'ai toujours
cru qu'on pouvait être un très grand botaniste sans
connaître une seule plante par son nom. » En isolant
ce mot de toute autre idée, il pourrait passer pour un
des nombreux paradoxes de l'auteur; mais il faut ajouter
qu^un botaniste, même médiocre, peut toujours
savoir un nom, quand il le veut, en cherchant dans les
livres et les herbiers. On supplée à la mémoire, bien
mieux qu'au défaut de jugement, de persévérance ou
do méthode.
Doux mots encore sur les dispositions intellectuelles
qu'il convient d'avoir pour bien étudier et bien décrire
les êtres organisés.
Assurément, comme dans toutes les sciences, le goût
de l'exactitude est en botanique une condition de premier
ordre. Il ne s'agit pourtant pas d'une exactitude
mathématique. Les animaux et les végétaux sont trop
compliqués, trop changeants et trop soumis à des
influences diverses pour qu'on puisse leur appliquer le
calcul. La vue des faits au moven d'observations ou d
d'expériences est le procédé ordinaire, qu'il ne faut
cependant pas exagérer au point de se refuser aux
preuves dites de témoignage (1), puisque les descriptions
d^un auteur sont de cette nature et doivent être admises
jusqu'à preuve contraire. Dans les sciences naturelles,
beaucoup de faits sont équivoques, ou même se présentent
comme contradictoires. Il s'agit alors d'estimer ce
(1) A chaque époque, certaines exagéiaiions. Naguère on avait trop de confiance
dans le dire des auteurs. A présent, on croit devoir dans les écoles
montrer tous les faits. C'est à peine si Ton ose dire aux élèves que l'étain se
fond à i23o degrés, et lo sodium à 90 degrés; il faut qu'ils le voient. Beaucoup
de temps se perd ainsi en vérifications. Ceux qui étudient l'histoire sont
plus heureux. On leur permet d'admettre que la bataille d'Austerlitz a été
livrée, sans qu'on puisse la leur montrer.
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