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358 DEUXIÈME PARTIE — CHAPITRE XXVIII
On rciiilirait les dessins, et il serait facile de constater
(les dilTérences, peut-être assez grandes, qu'on ne pourrait
attribuer qu'à deux causes : ou unejiartie des dessinateurs
n'aurait pas compris, ou l'auteur avait mal
décrit. Il s'était peut-être mal exprimé, ou bien il avait
omis des détails nécessaires, comme les dimensions,
la nature d'une pubescence, etc. Dans le premier cas,
celui qui s'est trompé apprendrait à mieux lire et à mieux
comprendre. Dans le second, les erreurs, les négligences
et les omissions d'un savant distingué seraient mises en
évidence et auraient pour effet de rendre les botanistes
ordinaires plus modestes et plus attentifs. Je doute
qu'aucun descripteur de premier ordre put résister à
une pareille épreuve. Tous ont approché de ce qui était
le mieux à l'époque où ils travaillaient, mais rien n'est
parfait, rien n'est complet et le mérite est seulement
relatif.
J'ai supposé une description développée. Que serait-ce
avec des descriptions abrégées, qui sont de beaucoup
les plus nombreuses ? Leurs auteurs laissant de côté
plusieurs détails, personne ne peut se représenter exactement
l'ensemble. Dans ce cas, les esquisses rapprochées
entre elles ou comparées avec la plante, formeraient
nécessairement de singuliers contrastes et donneraient
une pauvre idée de la botanique.
L'exercice inverse, dans lequel plusieurs personnes
décrivent la même plante et comparent ensuite leurs
descriptions, apprend beaucoup aussi. Je puis le certifier
par expérience. Il m'est arrivé d'avoir dans un cours
une dizaine seulement ou une quinzaine d'élèves choisis,
qui connaissaiént un peu les livres. Je faisais alors
une leçon au moyen d'une seule espèce, de préférence
pourvue de grosses fleurs, faciles à disséquer. Les élè-
DESCRIPTIONS sous LE POINT DE VUE DE LA FORME 359
ves, ayant chacun plusieurs échantillons, étaient invités
à décrire de vive voix les organes dans leur ordre naturel.
Quand les termes spéciaux leur manquaient, je les
donnais et ils les apprenaient ainsi de la manière la
moins ennuyeuse. La leçon était une sorte de concours,
dirigé et éclairé par le maître. On pourrait faire
mieux encore, avec des botanistes déjà avancés, qui consentiraient
à rédiger chacun séparément la description
d'une plante et à comparer leurs rédactions. Ils feraient
des progrès remarquables dans l'art de décrire, mais
dans les grands centres scientifiques il y a communément
plus de rivaux que d'amis, et dans les petites localités le
nombre des botanistes n'est pas suffisant. On ne peut
employer ce mode d'instruction qu'avec des jeunes gens
d'une faculté des sciences. Comme preuve de son utilité,
même en dehors de la botanique, j'ajouterai un détail
assez singulier. Les élèves quipassaientpourlesplusforts
en mathématiques ou d a n s les sciences littéraires étaient
ordinairement les moins capables de décrire un objet
matériel, comme une plante. Ils passaient à côté de choses
très visibles sans les voir ; d'où j'ai conclu que des leçons
de ce genre ne sont pas seulement des leçons de botanique,
mais qu'elles apprennent aussi beaucoup à
observer et à décrire, ce qui est utile dans toutes les
professions.
Un mot encore sur l'exercice qui consiste à donner
une description pour en tirer un dessin.
La seule lecture d'un texte à haute voix fait sentir la
plupart des défauts qu'il peut avoir. Si le lecteur hésite,
s'arrête, se reprend, ou s'il est obligé d'intercaler quelques
mots d'explication, il y a certainement une faute.
C'est une mauvaise ponctuation, une phrase embrouillée,
une abréviation inintelligible, ou ce sont des termes
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