tion de la chaleur. On a dit que les jerbos doï-
moient de jour et jamais la nuit ; pour moi,
j’ai Vu tout le contraire. Dans l’état de liberté,
on les rencontre en plein jour , à l’entour de
leurs habitations souterraines, et ceux que
j’ai nourris, n’étoient jamais plus vifs ni plus
éveillés que quand ils étoient au grand soleil.
Quoiqu’ils aient beaucoup d’agilité dans leurs
mouvemens, la douceur et la tranquillité
semblent former leur caractère. Les miens se
laissoient aisément toucher ; il n’y avoit entre
eux ni bruit, ni querelles , lorsque même il
s’agïssoit de prendre leur nourriture. Ils ne
témoighoient du reste, ni joie , ni crainte ,
ni reconnoissance. Leur douceur n’étoit
point aimable, n’étoit point in téressante ; elle
paroissoit être l’effet d’une froide et eom-
plette indifférence, qui approchoitde la stupidité.
Trois de ces jerbos périrent successivement
, avant mon départ d’Alexandrie ;
j’en perdis deux autres , pendant une traversée
un peu rude , jusqu’à l’île de Rhodes,
où le dernier , par la négligence de celui qui
en étoit chargé , sortit de sa cage et disparut.
Je le fis chercher exactement, quand on déchargea
le vaisseau, mais sans succès ; il
avoit été sans doute dévoré par les chats.
( )
Ces petits animaux paroissent difficiles à
conserver en captivité , et encore plus a
transporter dans nos climats. Il est bon , au
reste, d’avertir ceux qui tenteroient d’en,
amener en Europe , des précautions qu’il
est indispensable d’employer pour les conduire
dans les vaisseaux ; elles sont les
mêmes que celles que l’on prend pour apporter
les agoutis (i) , les acôuchis (2) et les
autres quadrupèdes à dents rongeantes , de
l’Amérique. On les enferme dans des cages
ou dans des tonneaux, d’où ils ne puissent
pas sortir ; leur naturel les portant à tout
dévorer , ils occasionneroient dans le cours
d’un voyage des avaries considérables; et
pouvant même ronger les bois les plus durs,
ils mettroient les Vaisseaux en danger.
J’avois à peine publié , en 1 7 8 7 , mes observations
sur les gerboises d’Egypte, qu’il
parut à leur sujet, dans le Journal d’histoire
naturelle (3) , une lettre de M. Berthout-
(1 ) Buffon, Hist. nat. des Animaux quadrupèdes. —
Capia agutí. L .
(2 ) Buffon, Supplém. à l’Hist. des Animaux quadrupèdes.—
Capia acuschy. L .
(3) Par M M . Bertholon et Boyer. Année 17 8 8 ,
XIo . 12.
M 3