porter à l’avance le plus de voiles qu’il leur
est possible, afin d’avoir Yair ou la vitesse
propre à leur faire franchir ce passage, au
milieu duquel ils se trouvent tout-à-coup
en calme , à cause de la hauteur des forts
qui surpasse celle de la mâture. L ’usage des
vaisseaux de guerre françois étoit de saluer
la place de treize coups de canon, auxquels
elle répondoit par onze ; lorsque les vaisseaux
de la religion entroient dans les ports
de France , ils observoient la même étiquette.
Si la galère générale étoit dans le
port, on devoit la saluer de quinze autres
coups de canon, et au moment où le général
venoit rendre la visite que le commandant
françois devoit lui faire le premier,
on.l’honoroit d’une salve de treize
coups. Chaque bailli de l’ordre, à qui il-
plaisoit de se promener à bord, étoit reçu
au bruit de cinq coups de canon ; ensorte
qu’il aïrivoit souvent qu’un vaisseau de
guerre françois , qui faisoit quelque séjour
dans le port de Malte , y dépensoit plus
de ppudre que dans le reste de sa campagne.
Les fortifications qui défendent le port
et la ville sont les meilleures du monde ;
on les enfretenoit avec un soin extrême.
On sait que les forces réunies de l’empire
Ottoman ont échoué contre ce rempart inexpugnable.
C’étoit une conquête, ou plutôt
un nouveau prodige réservé à la valeur
francoise.
Le comble des maisons , comme en Italie
et dans tout l’Orient, est en terrasse. La
cité Valette ou la nouvelle ville est bien,
bâtie ; les pierres qui servent à la construction
des édifices et au pavé des principales rues
n’ont point de consistance lorsqu’on les
emploie : elles se durcissent à l’air ; mais
elles sont en même-temps d’.une blancheur
extraordinaire qui fatigue la vue, sur-tout
quand elles réfléchissent les rayons d’un
soleil ardent. Le palais du grand-maître étoit
Vaste , et d’une belle simplicité au-dehors et
au-dedans. ..
L ’ordre de Malte avoit une bibliothèque
publique dont l’augmentation étoit assez
rapide ; les bibliothèques particulières des
commandeurs y étoient déposées après leur
mort; les exemplaires doubles se vendoient,
et le produit servoit à l’acquisition des livres
qui manquoient. L ’on voyoit, dans cette
bibliothèque , quelques objets d’histoire na