de Toscane. Elle a peu d’étendue; sa forme
est arrondie, et ses montagnes, qui la font
découvrir de loin, semblent être de la même
nature que celles de la côte. Nous passâmes
ensuite entre le cap Corse et Capraria ,
petite île que l’on nomme vulgairement la
Cabraire 3 et qui appartient à la république
de Gênes. Ce n’est qu’uu rocher presqu’aride,
sur lequel il y a néanmoins des habitations
qui fournissent de bons matelots.
Le 14 , le vent ayant cessé de nous être
iàvorable , nous louvoyâmes entre la Corse
et l’île d’Elbe , l’une des possessions du roi
de Naples. Elle a deux bons ports et des
carrières de marbre ; mais elle est particulièrement
célèbre par ses mines de fer et
par ses forges, dans lesquelles on suit, pour
travailler ce minéral , une méthode qui a
été décrite par Tronçonrdu-Coudrai, capitaine
d’artillerie. Cette méthode est plus«
économique, plus expéditive, et en même-
temps plus avantageuse que celle des hauts!
fourneaux , assez généralement pratiquée
dans le reste de l’Europe; et elle donne
du fer équivalant au meilleur fer de Suède,
par son nerf et jia douceur, et en plus
grande quantité que dans les forges ordi-1
naires, sans que la dépense soit augmentée.
Les mines de fer et celles d’aimant que
l’île d’Elbe contient rendent son approche
sensible aux navigateurs, p^r les variations
que la boussole y éprouve.
La partie des côtes de la Corse , comprise
entre le cap Corse et Bastia, est de
la même nature que celle qui lui est opposée,
et dont j’ai parlé, c’est-à-dire , qu’elle est
formée de montagnes escarpées et dont
quelques-unes , celles qui ont le plus d’élévation
, étoient encore chargées de neige.
La ville de Bastia nous présentoit une
apparence agréable; elle est située sur la
pénte d’un côteau : son port ne peut recevoir
les vaisseaux de guerre , mais il est
très-commode pour les petits bâtimens.
Vers midi, nous eûmes bon vent, et nous
passâmes près de Monte-Christo , rocher
aride et désert, situé au sud, et à peu de
distance de l’île d’Elbe, dont il paroît avoir
ete détaché, par quelqu’un de ces grands
bouleversemens qui n’ont pas été rares dans
ces mers. La ligne qui unissoit ces deux
ries est encore établie, par la Planosct
( Planouse ou île P la t e ) , écueil presqu’à
rieur-d eau, et qui subsiste entr’elles. L ’03