liOrs , se tournant vers elle, et étendant les
bras : Efélas ! ma chère ame , lui dit - il ,
c’est moi qui suis ton esclave; je t’en conjure,
délivre-moi. »»
Pour peu que l’on soit connu, l’on ne
passe guère dans une rue sans que l’on ne
/oit invité à entrer pour y prendre le café.
Çette politesse est tellement d’habitude, que
ceux mêmes qui n’ont pas un grain de café
chez eux, cômme les cultivateurs des jardins
de Rossette , ne manquent pas d’en offrir,
quoiqu’on les embarrassât fort, si Ion ac-
ceptpit. Qn ne se sert pas d’ustensiles de
fer pour rôtir les feves du cafîer : c est dans
un vase de terre que se fait cette préparation.
On les pde ensuite dans un mortier
de terre PU de bois, ce qui leur conserve
beaucoup mieux leur parfum , qu’en Içs
réduisant en poudre avec uu moulin. Le
voisinage de l’ Arabie donnoit la facilité de
s’y pourvoir de l’excellent café qu’elle produit.
Selon les gourmets, il en falloit quarante
fèves pour faire une tasse de boisson ;
nulle part on n’en prenoitde plus parfumée»
On n e la laisse pas reposer. Lorsqu’elle a
bouilli trois fois, eu tenant au-dessus du feu,
et retirant s ucçessi veinent et à chaque fois
une cafetière à long manche, on Ta vérse
¿ans les tasses, et quoiqu’elle ne soit pas
claire, on ne regrette pas le sucre que cd
n’est pas l’usage d’y mêler. *
Jé n’entreprendrai pas de retracer toutes
les autres coutumes que les Egyptiens ont
communes avec les autres Ma home tans. Ces
détails appartiennent plutôt à l’histoire de
Turquie, et ils me mèneroient trop loin. Jé
me contenterai de parler de celles que j’ai
observées plus particulièrement.
Si les habitans de Rossette sont moins
barbares1 que ceux des autres parties dé
l’Egypte, ils n’en sont pas moins ignorans,
moins superstitieux ni moins intolérans. L ’on
ïetrouve parmi eux, quoiqu’avec des nuances
plus adoucies, la même durete de caractère,»
la même aversion implacable contre les nations
de l’Europe, le même penchant à là
vengeance , enfin la même perfidie, et ils
se livrent aux mêmes viees honteux. L ’amour
eontre nature que des femmes de la Thrace
ont puni en massacrant Orphée qui s’en?
étoit rendu coupable (1) , le goût inconce-
yable qui a7 déshonoré les Grecs et les Perses
(1) l l le etiam Thracum populisfuit, autor^ amorem
Inteneros transferre mares, Ovid.
S s