relations entre tous les peuples, et il offrit
tout-a-coup Alexandrie à l’admiration et au
commerce des nations. Dinocrate en avoit
trace le plan sous les je u x d’Alexandre ,
et en dingeoit les travaux. C ’étoit un de
ces hommes à conceptions vastes et hardies,
e dont les siècles sont avares. L'histoire
nous a conservé un trait remarquable et
caractéristique de son génie. Dans l’intention
de perpétuer le nom et la gloire du plus
grand conquérant par un monument durable
a jamais , il avoit proposé d’j consacrer une
partie même du globe ; de tailler une énorme
montagne, le mont Athos, pour en sculpter
«ne statue inébranlable, qui nW o i t eue pour
ase que la terre même , et qui auroit effacé
tout ce que l’E gjpte avoit enfanté de plus
prodigieux. Idée sublime qui rend l’artiste
digne d entrer en parallèle avec le héros.
Avec un Alexandre pour commander le
plan d’une v ille , avec un Dinocrate pour
i executer, l’on conçoit combien celle-ci devoir
être grande et magnifique. Les rois
Egypte 1 embellirent encore par des établis-
semens admirables dont la perte excite nos
regrets. Sous le regne d’un Ptolémée, Sostrate
autre architecte de Guide , construisit un
phare que les anciens comptoient entre les
sept merveilles de l’univers. Un autre roi
forma une bibliothèque immense. Alexandrie,
enfin > fut le centre des sciences et des
richesses : c’étoït le lieu dupnonde où le
commerce étoit le plus en vigueur. Josephe
assure qu’elle rapportoit davantage au trésor
des Romains, en un mois, que tout le reste
de l’Egypte en un an. On y cultivoit avec
un égal succès les arts utiles et les arts agréables.
Le luxe s’y introduisit et, devint bientôt
à son comble ; des plaisirs vifs et brillans
dégénérèrent en licence : ses délices passèrent
en proverbe; les moeurs furent corrompues
, et Alexandrie périt. Exemple terrible ,
mais constamment perdu pour les nations.
Je n’entreprendrai point de faire la description
de cette fameuse ville d’Alexandre.
Assez d’autres, sans moi, ont essaye de remplir
cette tâche. D’ailleurs, ces détails appartiennent
à l’histoire , et je n oublie pas
qu’un voyageur ne doit compte que de ce
qu’il a vu, et non de ce qu’il a lu. Des mo-
numens qui paroissoient braver le choc du
temps, sont écroulés avec la ville dont ils
faisoient l’ornement : des flammes que la
férocité et l’igorance dirigèrent, ont dévoré