gation de l’art, plutôt qu’une pierre naturelle.
La solidité des murailles , la vaste capacité
des tours , qui peuvent passer pour autant
de forts , faisoient de l’enceinte des Arabes,
un rempart susceptible d’une longue défense.
Malgré les dispositions et là résistance
des Mameloucks et de leurs troupes,
une poignée de François , sans canons et
presque sans munitions, l’ont emporté à l’escalade
, en peu d’instans. Alexandre avoit
posé les fondemens d’une ville, dont le commerce,
les sciences etlçs prodiges de l’art ont
perpétué la mémoire : Buonaparte a arraché
les pestes de cette même ville des mains des
barbares , dont la présence en souilloit les
rnines ; il l’a rendue au commerce général
que sa position lui assure, et qui rappeléra
son ancienne splendeur ; l’on ne sait lequel
des deux héros, du fondateur ou du restaurateur,
excitera le plus:l’admiration de. nos
neveux.
Vers l’extrémité, orientale du croissant,
formé par le port neuf, et près de la côte,
sont deux obélisques. On s’est accordé à les
appeler aiguilles de Cléopâtre _, quoiqu’il
ne soit pas certain qu’elles aient été l’ouvrage
de
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de cette reine de l’Egypte. On lui a égale-?
ment attribué , sans aucune preuve historique
, des excavations que l’on appelle ses
bains,et la construction du canal qui amène
encore les eaux du Nil dans les citernes
d’Alexandrie. Hommage rendu aux grandes
qualités de la dernière reine de la race des
Ptolémées. C’est ainsi que, tandis que le nom
des hommes qui ont fait, élever la plupart des
édifices étonnans de i’àncienne Egypte , est
absolument ignoré , la postérité conserve
soigneusement le souvenir d’une femme ,
illustre par sa magnificence, son génie , son
caractère héroïque et sou incomparable
beauté; de celle , dont les charmes triomphèrent
du plus grand des Romains ; de celle
enfin à qui on 11e peut reprocher que les
écarts d’une passion , difficile à vaincre dans
une ame brûlante , et sous un ciel de feu,
à laquelle les grâces ne refusent point de sourire,
et que la nature ne désavoue pas.
L ’une des aiguilles de Cléopâtre est encore
droite sur sa base , l’autre , est renversée et
presque entièrement couverte par les sables.
La première montre ce que peut la main de
l’homme contre le temps ; la seconde , ce
que peut le temps contre les efforts de
Tome /. I