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soient chez eux une paire de bartavelles (i).
Us nous dirent que ces oiseaux passoient
souvent à Aboukir, et qu’il n’étoit pas difficile
d’en prendre, même de vivans. Aussitôt
que nous eûmes fait un repas frugal, préparé
par la femme de notre hôte, nous remontâmes
sur nos mules pour visiter les
ruines qui sont aux environs.
Ces vestiges d’une ville ancienne occupent
une vaste étendue de terrain. Tout est abattu,
tout est détruit. Le sol est jonché de débris
qui offrent encore de grandes beautés ; et
ce qui est à la supeificie fait juger de ce
que l’on eut découvert, si l’on avoit eu la
liberté d’y fouiller : mais les recherches de
ce genre étoient absolument interdites chez
un peuple ignorant et superstitieux, qui ,
ne connoissant d’autre richesse que l’o r ,
s’imaginoit que les voyageurs ne parcou-
roient leur pays, que dans l’iptention d’enlever
des trésors enfouis, et ne pouvoit
croire que les monumens des arts fussent
les motifs de leurs courses.
Je vis plusieurs colonnes renversées : elles
étoient du plus beau granit ; leurs fûts étoient
(i) Bartavelle, ou perdrix grecque. Buffon, Hist.
pat. des Ois. et pl. enlmü. u°. z 3i . — Tetraa rufus.Jj.
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cannelés et d’une seule pièce, quoique d’une
grandeur étonnante : les chapiteaux etoient
du plus beau travail. Le drogman juif me
dit qu’il avoit vu une partie de ces colonnes
encore debout, et une large voûte qui for-r
moil l’entrée d’un souterrain : mais les gens
du pays avoient tout renversé pour en ar«r
xacher les. pierres, dont ils s’étoient servis
à la construction, ou à la réparation des
digues qui retiennent l’eau de la mer. Il restoit
encore des ouvertures de galeries souterraines,
bâties en briques, et assez bien conservées
: les décombres en bouchoient l’entrée.
Enfin, tout ce que l’on découvrait apponçoit
que jadis les édifices les plus magnifiques
avoient existé sur cet emplacement. Les
habitans d’Aboukir appellent ces superbes
ruines la ville de Pharaon.
Sur les bords de la nier l’on rpconnoît les
Fondemens assez bien conservés d’un bâtiment
vaste et régulier, au milieu duquel il y a un
souteriain qui se rend à la mer, dans laquelle
on voit au loin des débris, ce qui prouve
que, dans cet endroit, comme en beaucoup
d’autres, elle a gagné sur la côte. J’ai fait des-
siper ces ruines. ( Voyez là pl. V . ) A côté
de ces vestiges, des blocs de granit, de diffé-
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