le piédestal. Je n’ai pas eu les moyens de
mesurer sa hauteur , et les voyageurs qui
m’ont précédé ne sont pas d accoid entre
eux sur ce point. Savary lui donne cent
quatorze pieds de haut ( i ) , tandis que Paul
Lucas , qui annonce l’avoir mesuree avec
précision , ne lui en a trouvé que quatre-
vingt-quatorze (2). Cette deiniere opinion
étoit généralement adoptée par les Européens
d’Alexandrie. La hauteur de la colonne
y passoit pour être de quatre-vingt-
quatorze à quatre - vingt - quinze pieds de
France. Le piédestal a quinze pieds de haut;
le fût avec le socle, soixante-dix pieds; enfin
le chapiteau, dix pieds; total, quatre-vingt-
quinze pieds. Le diamètre moyen est de
sept pieds trois quarts. D’après ces proportions
, la masse entière de la colonne peut
être évaluée à six mille pieds cubes. L/On
sait que le pied cube de granit royge
d’Egypte pèse cent quatre-vingt-cinq livtes.
Xje poids de la colonne est donc d’un million
cent dix mille livres, poids de marc.
Quelque dure que soit la substance de
(1 ) Lettres sur l’Egypte , tome I , page 36.
(2) Voyage de Paul L uca s, lait en 1 7 1 4 , tome 2 ,
la colonne, elle n’a pu échapper à la corrosion
du temps. Le bas du fût est fort endommagé
du coté de l’est, et 1 on enleve
sans peine , de ce même côté, des éclats
du piédestal. L ’on a vu ci-devant que les
hiéroglyphes de l’aiguille de Cléopâtreétoient
rongés sur la face qui regarde le même point.
C’est très-vraisemblablement l’eifel du vent
de la mer. On prétendoit que, sut la lace
opposée, c’est-à-dire au couchant, Ion dis—
tinguoit une inscription en grec, lorsque le
soleil donnoit dessus : niais, quelqu attention
que j’y aie apportée, je n’ai pu l’ap-
pereevoir.
Le terrain sur lequel la colonne est posee,
s’étant affaissé , il a laissé à découvert une
partie du pivot qui la supporte. C’est un
bloc de six pieds, seulement en carre : il
soutient, par son centre, un piédestal beaucoup
plus grand ; ce qui prouve le parfait
aplomb de l’ensemble. Il est aussi de granit,
mais d’une espèce différente de celui de la
colonne. Les gens du paysavoient bâti autour
du pivot , dans l’intention de soutenir le
piédestal. Cette maçonnerie , parfaitement
inutile, étoit formée de pierres de diverse
nature, parmi lesquelles des morceaux de
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