parmi lesquels on a vu figurer une femme
née pour l’opprobre de son sexe et la honte
du genre humain ; des hommes, êtres malfaisans
et dangereux, dont la société n’offre
que trop d’exemples, et que, pour sa prospérité,
il seroit intéressant de démasquer ;
des M....., des U........, des Lef....., et d’autres
fripons subalternes , abusant de mon inexpérience
dans les affaires, de mon insouciance
sur des intérêts pécuniaires , de la
franchise, de la confiance, de l ’abandon d’un
caractère généreux, mais devenu tropfoible,
m’ont suscité mille embarras, m’ont accablé
de tracasseries, de contestations; et, déprédateurs
effrontés , ils sont parvenus à se
partager des lambeaux considérables de ma
fortune, qu’ils ont déchirée tout en tourmentant,
en persécutant des jours dç dépit
et de souffrances (i).
( i) « On ue voit que trop souvent que , s’il arrive
3) à un honnête homme d’avoir avec un coquin quelque
» démêlé, le coquin trouve de puissans protecteurs,
» parce que l’honnête homme se contente d’être hon-
j> nête , au lieu que le coquin est souple , flatteur, in-
3) sinuant ; les plus grandes bassesses ne lui coûtent
3) rien ; il fait tout ce qu’on veut. : l’honnête homme ne
3» fait que ce qu’il doit faire ». Essais historiques sur
Paris} par Sainte-Foi# f vol. G.
( 7 )
A u milieu de tant de dégoûts, au milieu
de secousses trop violentes , pour une sensibilité
qui auroit pu faire le charme de
ma vie, et qui en a été le supplice ;au milieu
de ces distractions graves et désagréables ,
comment s’occuper d’un ouvrage qui de-
mandoit toute mon attention ? comment
serois-je parvenu à surmonter d’autres difficultés,
qui naissoient de la nature même de
cet ouvrage ? En effet , douze ans employés
à parcourir des régions lointaines, peuvent
bien procurer des connoissances et donner
de l’expérience ; mais ce dévouement n’ est
point le talent d’écrire , eh l’habitude de ces
sortes d’expéditions est peu propre à former
l’écrivain. Familiarisé avec l’image dé
sa destruction que des périls journaliers lui
présentent sans cesse | assailli par les fa^
tigues, pressé par des besoins presque continuels,
celui qui s’est adonné aux voyages
doit ceindre son ame d’un triple rempart ,
qui la Omette à l’abri de la crainte et du
trouble. Souvent entouré d’hommes barbares
et féroces, il est quelquefois obligé d’en
conduire avec lui* de difficiles à contenir;il
faut qu’il communique à ceux-ci son intrépidité
, et», comme il n’est pas toujours aisé dre
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