a 1 appaiser, en lui livrant le meurtrier /
qui fut pendu sur la place publique ; mais
un arabe, frère du mort, quoique témoin
de 1 execution , ne se crut pas assez vengé :
il fit serment de sacrifier aux mânes de son
frère le premier/ra/m qu’il rencontreroit.
Tous les Européens se tinrent enfermés
pendant trois mois entiers, dans l’espérance
que la fureur de cet homme se calmeroit.
Au bout de ce temps, et d’après des informations
propres a les tranquilliser , ils crurent
pouvoir sortir, sans risques, de leur re-
tiaite. Depuis huit jours ils.se montroient,
a 1 ordinaire, dans la ville et dans la campagne,
et aucun d’eux n’avoit eu de rencontres
fâcheuses. Le consul n’avoit pas
encore ose s’exposer : il pensa, à la fin ,
qu’il pouvoit aussi prendre l’air, sans courir
de dangers. Il se promenoit avec un janissaire
de sa garde, sur les bords du canal.
Par un hasard malheureux, l’Arabe qui, avec
le sentiment de la vengeance soigneusement
conservé dans le coeur, portoit constamment
des armes pour le satisfaire, se trouva dans
le même canton. II s’approcha du françois,
qui n’avoit aucune défiance, et aussi lâche
que cruel, il l’étendit sur la poussière, d’un
coup de fusil qu’il lui tira au dos. Le janissaire,
au lieu de venger, ou du moins de
secourir celui qu’il étoit de son devoir de
protéger, se sauva à toutes jambes, et l’infortuné
consul mourut de ses blessures quelques
heures après. Les négocians françois
dépêchèrent à Constantinople un bâtiment
léger, afin de réclamer justice. La Porte
ottomane envoya des officiers chargés d’ordres
précis et sévères; mais ces ordres, d’abord
éludés, finirent par demeurer sans exécution.
L ’assassin ne quitta pas même la ville, ou
il se montroit impunément. Les négocians
furent forcés de dissimuler pour leur propre
sûreté; et , outre l’affront que la nation
françoise éprouva par l’assassinat impuni
de son délégué , le commerce national eut
encore à regretter des sommes considérables,
dépensées inutilement pour demander une
juste réparation.
De pareils événemens n’étoient pas malheureusement
assez rares pour la tranquillité
de ceux qui étoient obligés de vivre en
Egypte, et dans quelques parties de la Syrie ,
où le peuple, outrexle voisinage, a plus
d’un rapport avec celui d’Egypte. Vers la
fin d’octobre 1731, le drogman ou interprète