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apporta un jour un panier , plein de ee$
oiseaux, qu’il avoit tués au fusil, pendant
une partie de la journée. Pour moi, j’en tuai
douze, et en manquai bien autant, dans la
matinée. Cette chasse est agréable, en ce
que l’on ne cesse pas de tirer; mais elle
est aussi très-fatigante. La terre légère des
rizières est si profondément imprégnée d’eau,
que l’on y enfonce à chaque pas, et quelquefois
jusqu’à mi - corps. Les bécassines
viennent, au commencement de novembre,
chercher les cantons aquatiques de la basse
Egypte, et elles y passent l’hiver entier.
Il y avoit aussi, mais en moindre quantité,
des pluviers huppés et armés (i). Les
Européens habitués en Egypte, les appe-
loient dominicains, à cause de la ressemblance
que la distribution du lioir et du
blanc, dont leur plumage étoit varié, leur
donnoit avec l’habit de cette espèce de
moines. Ces pluviers, exactement les mêmes
que ceux que j’avois vus quelques années
auparavant, au mois d’août, dans le pays
des Iolofes , sur la côte occidentale de
(x) Pluvier à aigrettes. Buffon, Hist. nat. des Ois.
et pl. enlura. nQ. 8 0 1 , sous le nom de pluvier armé du
Sénégal, — Charadrius spinosus. L .
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l’Âfriqite, se plaisent au bord des mares
d’eau , dans les rivières et dans tous les lieux
humides, quoique jamais ils n’entrent dans
l’eau. Ce sont des oiseaux criards et farouches
: on les approche difficilement ;
mais s’ils ont appris à fuir l’homrne, tyran
des animaux, ils ont entr’èux l’amour et la
pratique de la sociabilité : ils hè sont jamais
seuls ; on les voit toujours par paires ou par
petites troupes.
L ’on vfehdoit, dans les rues de Rossette,
des tiges de fenu-grec (i). Cette plante est
cultivée comme fourrage ; et elle tiendroitlé
premier rang parmi toutes les sortes de
nourritures que la basse Egypte offre aux
animaux , si le barsim, espece de tièfle
particulière à ce pays , et dont j ai déjà
parlé , n’y existoit pas. Son nom arabe est
helbè.
Quoique cet helbè des Egyptiens soit un
fourrage succulent pour le nombreux bétail
qui couvre les plaines du Delta; quoique
les chevaux , lés boeufs et les buffles le
mangent avec un plaisir égal, il ne paroit
pas y être" destiné particulièrement à la
nourriture des animaux , parce que le barsim
( i ) Trig'ouellaj'oenüm-grécum. L .