moit, pour l’Egypte, une branche de Commerce
assez considérable. L ’on chargeoit
annuellement, à Alexandrie, quatorze ou
quinze navires de ces feuilles réduites en
poudre, et on les expédioit pour Smyrne,
pour Constantinople , ou pour Salonique,
d’où elles passoient dans plusieurs pays du
Nord, et même, m’a - t -o n d it, en Allemagne
; elles y sont employées à la tein-
tuie des fourrures et à la préparation des
cuirs.
Le henné croît abondamment aux environs
de Rossette, et il fait l’un des principaux
ornemens des jardins qui sont près de
cette ville. Sa racine qui pivote profondément
a toute facilité de s’enfoncer et de
grossir dans un terrain doux, gras, mêlé de
sable, et tel que tout Cultivateur voudroit
en posséder un semblable ; aussi l’arbrisseau
y pi end plus d’accroissement qu’ailleurs, il
y est aussi plus multiplié : il y en a encore
dans tous les lieux cultivés de l’Egypte, et
principalement dans la partie supérieure.
Il y a tout lieu de présumer que le henné
cl Egypte est le kupros des Grecs anciens.
Les descriptions, à la vérité incomplètes,
«pé en ont données les auteurs, et particu-
( 3oi )
lièrement la forme et la douce odeur de ses
fleurs qu’ils ont vantées, ne laissent guère de
doute sur l’identité de ces deux arbrisseaux(i) .
D’après cela, les grappes de cyprus } hotrus
cypri, du Cantique des Cantiques (2 ) , ne
peuvent être autre chose que les grappes
même des fleurs du henné. C’est du moins
l’opinion des meilleurs commentateurs. Voy.
Scheuchzer, Physique sacrée, tome 1 , page
189; Junius, et une foule d’interprètes.
Il n’est pas étonnant qu’une fleur si délicieuse
ait fourni à la poésie orientale des
traits agréables et des comparaisons amoureuses.
Ceci répond à une partie de la question
45e. de Michaëlis (3). Car la fleur du
(1) Le nom dç kuprçs n’est plus d’usage chez les
Grecs modernes : ils' donnent au henné les dénominations
corrompues de kéné, kna , etc. Les .marins provençaux,
dont les bâtimens servoient au transport de
la poudre de henné, l’appeloient quêiiê.
(2) Gap. I , v. i 3 et 14. Botrus cyprî diledus tneus
mihi, in vineis Engaddi.
{ 3) «' Que peuvent signifier, dan&le style amoureux,
J> les grappes de cypre , Cant. I . 14 ? Ce n’est point
j> des feuilles dont la poussière sert de fard aux Orien-
» taux, mais des grappes qu’il est question. Les femmes
» de ces contrées les poxteroient-elles en forme de