conger. Cependant l’Aga , qui avoit eu le
temps de faire vérifier qu’il ne s’agissoit vrai*
mentqued’une pierre, s’étonnoit du peu d’empressement
que nous marquions à l’enlever.
Il appela le janissaire, afin de conuoître le
motif d’un refroidissement qui n’étoit qu’apparent.
Celui-ci, quiavoit sa leçon, répondit
à l’Aga que d’après les prétentions qu’il avoit
élevées , au sujet de la pierre , nous n’y pensions
plus ; mais que, cependant, nous 1$
prendrions encore, s’il consentoit à n’y pas
attacher un prix trop fort. Le janissaire revint
avec l’ordre de la faire transporter chez
moi, et la certitude que l’Aga modéreroit
beaucoup ses prétendus droits , et qu’il s’en
entendroitavec M.Forneti. J’en fus quitte,
en effet, pour un cadeau de peu d’importance.
Les circonstances m’ont empêché d’en-
mener ma petite pyramide , lorsque je partis
d’Egypte. Je l’ai laissée dans un magasin de
la maison françoise de Rossette , et je l’ai récommandée
au consul. Si quelqu’un avoit cru
pouvoir s’en emparer, comme d’une chose
abandonnée , je le prie de se rappeler que son
acquisition m’a coûté beaucoup de peines ,
de démarches et même d’inquiétudes. Je
peparle pas cle l’argen t. Je me croirai en droit
de la réclamer , et le motif de ma rédama-
tiou engagera sûrement à rendre ce superbe
morceau d’antiquité, puisque je n’ai d’autre
désir que de l’offrir.au muséum national,
dans lequel il mérite d’occuper une place
distinguée.
Au reste,l’opinion que les recherches des
Européens n’avoient d’autre objet que la découverte
des trésors enfouis , ou eûfermés
dans des monnmens de l’antiquité , étoit
celle de tous les habitans de l’Egypte; et elle
étoit devenue un des plus grands obstacles
que les voyageurs eussent à vaincre. Un
Turc de Rossette avoit, à la porte de son magasin,
un très-beau morceau de granit, sur
lequel étoient gravées des figures hiéroglyphiques,
parfaitement conservées. Après les
avoir fait dessiner (i ) , je proposai au propriétaire
de me vendre le granit lui-même;
j’offrois en outre de faire poser , à mes frais,
une'autre pierre à sa piace. Jamais le Turc ne
voulut entendre à aucune proposition ; il allé—
guoit pour motif de son refus, que ce granit
(i)- Ce dessin est un de ceux qu’à diverses époques,
j ’ai fait passer en France, et qui ont disparus. Je regrette
de ne les avoir pas conservés : iliy.e» avoit d’ia -
téressans et de {propres à orner cet ouvrage.
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